Avec ce film, Romain Goupil (Mourir à trente ans) touche un sujet d’actualité brûlant, l’expulsion de sans-papiers, présenté ici à travers l’œil d’enfants. Il se défend pour autant d’avoir tourné un « film militant ». « Je ne cherche pas à transmettre une opinion particulière, je veux juste raconter une histoire », affirme le réalisateur. Les mains en l’air est une œuvre audacieuse qui porte un regard bienveillant sur les sans-papiers. « L’idée était de réaliser une fable qui raconte ce qui s’est passé il y a une soixantaine d’années sur la base d’une fiction », souligne le cinéaste. « Le principe du film c’est d’arriver à dire qu’en 2009 se pratiquait une politique d’exclusion. (…) Les plus vulnérables étaient pris à parti. Au lieu de les inviter aux anniversaires, on leur envoyait la police et les gendarmes. »
Concernant le casting, le réalisateur souligne l’influence de la personnalité des acteurs choisis dans le scénario. « Je fais le casting très tôt au moment de l’écriture du scénario. Je cherche de l’authenticité Pour les enfants un acteur professionnel ne m’intéresse peu ». « Concernant le rôle de Milana, Linda Doudaeva et sa mère qui venaient de Lyon nous ont énormément impressionné. Sa mère qui ne venait que pour l’accompagner, correspondait parfaitement au rôle. Au casting on ne trouvait aucune comédienne qui transmettait autant de choses dans les moments de silence ».
Craint-il les réactions de la classe politique ? « Si les politiques s’attaquent à ce film, tout le monde aura envie de le protéger, tout comme les enfants protègent Milana dans le film », affirme le cinéaste. « Au moment du montage financier, tout le monde voulait que le film se fasse. Les producteurs, les financiers, qui sont également des pères de familles, m’ont tous dit qu’il y a quelque chose qui les dégoûte dans la politique sociale actuelle ».
Dans son film, ce sont les plus jeunes qui donnent des leçons de vie à leurs aînés, leur apprenant, sans aucun mot, des valeurs qu’ils ont perdues en même temps que leur innocence. Ce sont eux qui luttent contre les injustices et leur détermination est impressionnante. Les jeunes acteurs jouent aussi bien que des adultes avec un ton naturel, qui place tout de suite le spectateur au cœur de l’histoire. Romain Goupil évite tout cliché dans un univers qui est pourtant parsemé de pièges, pour nous offrir une œuvre engagée, pas tellement politiquement, mais humainement. « Dans 60 ans cela paraîtra comme une aberration », estime le cinéaste. « Les frontières n’existeront alors plus, tout comme il n’y en a plus aujourd’hui entre la Normandie et l’Ile de France ». Et d’ajouter : « Si les gens ne s’étaient pas révoltés à un moment donné, il y aurai toujours des esclaves. (…) Je suis persuadé que le changement passe par les révoltes et le refus des injustices ». A l’arrivée, cela donne un film très humain, sans aucun doute le film le plus abouti de la carrière du réalisateur. Il offre un bel hymne au partage, à la solidarité et à l’amour des hommes.
– Long-métrage français
– Écrit et réalisé par Romain Goupil
– Avec Linda Doudaeva, Jules Ritmanic, Louna Klanit, Jérémie Yousaf, Louka Masset, Dramane Sarambounou, Jules Charpentier...
– Genre : comédie dramatique
– Site officiel : www.filmsdulosange.fr/fr/fr_main_en_lair.html
– Sortie : 9 juin