Aussi grotesque que pathétique. L’Olympique Lyonnais, après la gifle reçue à Auxerre mercredi dernier (0-4), n’a pas retrouvé goût à la victoire au stade Francis Le Blé face à une équipe brestoise, quinzième de Ligue 1, et en lutte encore pour le maintien. Le stage de quelques jours effectué à Dinard (Bretagne) n’aura pas servi à grand chose, si ce n’est à prouver que plus rien ne peut sauver un collectif dont les déroutes sont désormais légions (Nice, Rennes, Paris, Toulouse, Auxerre...). Peu à peu, et semaines après semaines, Lyon perd des points importants, d’abord pour la course au titre, puis pour celle à la Ligue des champions. Cette-fois, si Paris, en déplacement à Bordeaux mercredi, profite du faux pas lyonnais, le club de Jean-Michel Aulas passera quatrième de Ligue 1... à deux journées de la fin. Une situation inédite aussi délicate qu’indigne d’un tel club de football.
L’impression de bien faire
Tout avait pourtant bien commencé. Privé de Lisandro, Gourcuff et Lovren, Lyon imposait un pressing constant et confisquait le ballon aux Brestois dès les premières minutes du match. Volontaire et en reconquête d’un public trop souvent déçu cette année, l’OL donnait l’impression de vouloir bien faire. Les Lyonnais tentaient de s’approcher des cages bretonnes, sans parvenir toutefois à se créer de réelles occasions. Les élans offensifs non pas stoppés par la défense brestoise, souffraient en effet des approximations lyonnaises.
Un déchet technique important, symbole d’une fin de saison sans grande conviction et d’un groupe lyonnais en manque de concentration. Gomis balançait la première frappe du match, au-dessus des cages de Brest après un bon débordement de Cissokho (5’). Les efforts lyonnais allaient toutefois être récompensés peu avant le premier quart d’heure de jeu. Ederson profitait d’un bon coup franc de Pjanic pour placer une tête hors de portée d’Elana (1-0, 14’). Les Gones se plaçaient donc en position idéale dans ce début de match, menant à la marque et confisquant le ballon à leur adversaire. D’autant qu’une minute seulement après l’ouverture du score, Källström s’échappait seul et frôlait le poteau gauche d’Elana, battu. La réussite, problème récurrent du suédois, le fuyait encore.
L’OL incapable de se mettre à l’abri
Si, au grand bonheur de Claude Puel, un semblant de manière était bien présent côté lyonnais, et visible sur quelques actions, c’est bel et bien le mental qui fait défaut à la formation rhodanienne cette saison. Sans véritable cadre depuis les départs de Coupet, Cacapa, Juninho et Govou, et en l’absence pesante d’un Lisandro en soins à Lyon, les joueurs étaient incapables de se mettre à l’abri dans ce match d’une importance capitale. Comme contre Rennes ou Marseille récemment, l’ouverture du score des Gones n’était pas accompagnée d’une réelle volonté de tuer le match.
Du coup, les joueurs d’Alex Dupont n’abdiquaient pas dans cette rencontre et continuaient à croire en leurs chances. Lyon était bien le plus dangereux en contre, notamment en début de seconde mi-temps, mais la sortie d’Ederson, remplacé par Bastos, posait des questions. Surtout, sans l’apport technique et athlétique du brésilien, Lyon se faisait un peu plus lent, était moins inspiré.
Les débats se rééquilibraient, et c’est même Brest qui tentait maintenant d’inquiéter Hugo Lloris et de revenir au score. La suffisance des Lyonnais était la meilleure motivation des Bretons. Hugo Lloris devait intervenir face à Grougi pour garder ses cages inviolées et ses partenaires à flots (50’). L’entraîneur de Brest, Alex Dupont sentait qu’un coup était possible face à cette triste équipe lyonnaise, désorientée. Tenace et optimiste, il opérait un changement offensif en remplaçant Grandi N’Goyi par Licka (69’). Il n’allait pas regretter cette inspiration aussi brillante qu’étonnante.
Licka punit l’OL
Sept minutes après son entrée en jeu, le Brestois Licka égalisait pour sa formation d’une superbe reprise de volée, après une remise de Nolan Roux sur un long dégagement d’Elana (1-1, 76’). Cette réalisation géniale relançait totalement le match, qui perdait en intensité depuis une vingtaine de minutes. Le stade Francis Le Blé avait du coup droit à dix dernières minutes totalement folles, où Lyonnais et Brestois se découvraient à la façon d’une finale de Coupe, car le match nul n’arrangeait aucune des deux formations. Heureusement pour celles-ci, l’attaque-défense se faisait davantage dans la précipitation, donc avec imprécision : illustration avec Gomis, qui manquait son crochet, seul face à Elana (81’), ou Ayité qui loupait sa reprise dans la surface rhodanienne (83’).
Les Gones semblaient enfin comprendre le désastre que serait un match nul face à Brest, mais il était beaucoup trop tard : l’arbitre sifflait la fin de la rencontre sur ce score de parité et laissait sur le terrain des lyonnais anéantis, à l’image de leurs supporters, venus jusqu’en Bretagne pour les soutenir. Difficile pour l’instant d’évaluer les réels dégâts provoqués par ce match nul : l’OL sera vraiment fixé mercredi soir, après le Bordeaux-PSG qui revêt du coup une importance capitale pour la course à la Ligue des Champions.
L’OL joue gros : s’il ne termine pas sur le podium en fin de saison, le club aura un manque à gagner de l’ordre de 20 à 30 millions d’euros (soit 15 à 25% du budget du club). Avec le départ annoncé de Bastos et d’au moins un autre international, les récentes modifications apportées à l’organigramme du club (départ du directeur général Philippe Sauze et non-renouvellement de contrat de l’entraîneur des U19 de l’OL, Patrick Paillot), le rôle de Claude Puel en suspens et une ultime révolte de supporters à venir (ce samedi, 18h30 devant le siège de l’OL), Jean-Michel Aulas va encore se faire quelques cheveux blancs. Plombé par les retards pris par son Grand stade et le danger qui plane sur la qualification en Ligue des champions, le businessman de l’OL doit, à l’heure actuelle, se poser bien des questions...