Gastronomie, fleuves, c’est sous ses nombreuses facettes que la ville de Lyon a été représentée par Jacques Truphémus. La série Les cafés de Lyon, peinte de 1972 à 1979, montre des personnages attablés dans des bistros de la ville. A travers une palette allant des mauves au gris en passant par le rose, cet habitué du Café Bellecour à l’heure du repas, veut suggérer « l’accord entre le cadre vieillissant et une certaine population qui trouvait là un peu d’humanité, de chaleur et, dans le silence succédant à des atmosphères plus bruyantes, la possibilité de poursuivre leur rêverie personnelle ».
Le jeu graphique se poursuit dans les peintures extérieures, avec quelques toiles des berges du Rhône. Les traits et la lumière d’hiver, « la plus belle de Lyon », et les couleurs pastel, suggèrent plus qu’elles ne montrent. « Avant d’être un sujet, la peinture est un langage sensible et poétique », explique-t-il. « Ce qui compte dans les peintures c’est l’émotion, le sentiment d’espace et de lumière ».
Et Lyon lui offre tout cela. « C’est par la qualité de sa lumière et de ses nuances, révélant la beauté secrète de la ville, que Lyon m’est apparue lors de mes premières rencontres dans sa réalité…ou son irréalité. »
Né à Grenoble en 1921, il a fait de Lyon sa ville d’adoption. De 1942 à 1945, il étudie aux beaux-arts de Lyon, reçoit l’enseignement d’Antoine Chartres et côtoie Cottavoz, Philibert–Charrin et Fusaro des peintres de la nouvelle figuration.
Il saisit alors la lumière à l’aide de pâtes grasses colorées. Après 1970, il évolue vers une peinture plus dépouillée, influencée par un voyage au Japon. Il laisse la part belle à la suggestion dans ses toiles, grâce notamment à l’utilisation du blanc.
Cette richesse a fait dire au peintre Balthus : « Vous voyez en peintre. Et vous vivez à travers votre peinture. Vous appartenez à la lignée des Morandi et certains de vos paysages me font penser à Giacometti – tout en étant essentiellement Truphémus – c’est-à-dire unique ».
L’exposition se décline également en six autres thèmes retraçant son parcours de 1951 à 2011 : les paysages du Nord, le Japon, les Cévennes, portrait d’Aimée et autoportraits, natures mortes et ateliers de Lyon et du Vigan. L’occasion de vivre, à la vue des paysages des Cévennes, ce « choc esthétique et émotionnel », selon les mots de Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional de Rhône-Alpes.
Info : du 3 mars au 23 juin, Hôtel de région, 1 esplanade François Mitterrand, Lyon 2ème (Confluence). Journées spéciales : 24 Mars (dédicaces d’Yves Bonnefoy et Denis Lafay, co-auteurs du livre Jacques Truphémus), 19 mai (Nuit des Musées), 14 avril et 9 juin (Samedi en famille)