Alors que tous les sondages nationaux créditent le Parti Socialiste plus ou moins du double du score d’Europe Écologie et le placent au coude à coude avec l’UMP, la donne semblerait être sensiblement différente en Rhône-Alpes. L’ordre d’arrivée prédit par TNS Sofrès/Logica est le suivant : UMP (28%), PS (25%), Europe Écologie (21%), FN (8%), MoDem et Front de Gauche (7%). Le taux d’abstention serait de 54%.
Chez les écologistes, si le triomphe est modeste, l’ambiance est à la satisfaction. « Je suis satisfait du bas score du FN, qui ne pourra pas se maintenir et de notre score », déclare Philippe Meirieu, tête de liste en Rhône-Alpes. Il avance trois explications au bon résultat de sa formation. Pour lui, « l’écologie politique est bien établie en Rhône-Alpes. » Il rappelle que les Verts avaient obtenu en 2004 leur meilleur score en Rhône-Alpes avec 11,11% des voix. Le parti écologiste n’avait toutefois présenté des listes autonomes que dans moins de la moitié des 22 régions. « Nous ne partions pas de rien », comment Philippe Meirieu. Secundo, l’absence d’une liste du Mouvement écologique indépendant, qui avait recueilli 3,75% aux européennes dans la circonscription Sud-Est. Puis, Philippe Meirieu n’oublie pas la « très belle campagne de proximité », menée par ses colistiers. Si bien que le pédagogue se voit déjà négocier d’égal à égal avec le PS en tant que « partenaire de plein droit ». Puis, puisqu’on ne s’interdit aucun espoir chez les écologistes, la tête de liste rappelle que « 4 points d’écart (avec le PS, ndlr), ça peut encore bouger ».
Au PS, les réactions varient entre incompréhension et incrédulité. Farida Boudaoud, numéro 2 dans le Rhône précise à toute fin utile qu’« il faut avoir les épaules pour diriger une région. » Pour elle, pas de doute : « je ne vois qu’un président, c’est Jean-Jack Queyranne », alors que Philippe Meirieu « fera un bon conseiller régional. » Jean-François Débat, tête de liste dans l’Ain refuse d’y croire. « L’écart avec les scores nationaux est trop important », note-t-il. Et de pointer le faible échantillon, 700 personnes interrogées, trop peu d’après lui pour être représentatif.
N’empêche que les militants socialistes, réunis au Transborder pour un grand meeting électoral, ont vu un Gérard Collomb inhabituellement combatif, clamant que « plus Jean-Jack Queyranne obtient un score fort au premier tour, plus le rassemblement sera aisé. Il faut un axe fort. » Et de rappeler qu’aux municipales de 2001, les deux listes de droite avait fini à peu près au même niveau. « Ils ont passé la nuit à négocier. Puis, c’était la débâcle ». Le maire de Lyon a alors égrené les points de divergence avec Europe Écologie : le soutien à Euronews et aux Jeux olympiques d’Annecy ainsi que les subventions versées à l’Opéra de Lyon.
Quant à Jean-Jack Queyranne, il semble pris de panique, à lire une lettre qu’il a adressée au CSA et à la presse. Il y demande la déprogrammation par TF1 d’une émission d’Ushuaïa, prévue samedi soir, soit la veille du premier tour. Le président de région redoute vraisemblablement un nouvel effet Home, du nom du documentaire de Yann Arthus-Bertrand sur le réchauffement climatique, diffusé par France 2, deux jours avant les Européennes et tenu partiellement pour responsable du bon score d’Europe Écologie. « Il aurait pu s’en passer », commente un élu du 7ème arrondissement, sans toutefois dédouaner TF1 d’éventuelles arrière-pensées électorales. Jean-Jack Queyranne, qui paraissait jusqu’à présent très confiant, semble être désormais beaucoup moins sûr de finir en tête le 14 mars prochain. Pour gagner en sérénité, il devra peut-être regarder Ushuaïa, qui invitera à la découverte... de l’Islande.