Suzanne Pujol (Catherine Deneuve) est l’épouse d’un chef d’entreprise odieux, machiste et infidèle : un Fabrice Lucchini en grande forme. En bonne bourgeoise soumise, elle occupe ses journées à prendre soin de sa petite famille, ses tâches domestiques, son footing et écrire ses pensées en vers. Elle est toute mignonne ! En bon mari dominateur, monsieur Pujol veille à couper la chique à toute velléité d’émancipation, libérant à chaque conversation un tacite soit belle et tais toi, qui ne fait pas bouger d’un cheveu l’impeccable mise en pli de madame. Bien sûr madame Pujol ne travaille pas. Mais ça ne l’empêche pas d’être moderne. C’est en vidant son lave-vaisselle qu’elle chante sa joie sur des tubes de Michèle Torr. Une potiche en somme... Lorsque monsieur Pujol est blessé lors d’un conflit avec ses salariés, rien ne prédispose donc madame à reprendre les commandes. Et pourtant, cette bourgeoise provinciale au foyer va révéler de belles aptitudes de chef. Exit le paternalisme vieille France de monsieur. Voici l’heure d’un nouveau patronat : sexy, conciliant et chaleureux. Et l’homme devient le passé d’une nouvelle femme !
Adapté d’une pièce de boulevard de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy mise en scène en 1980, Potiche fait un clin d’œil un peu kitsch aux combats des femmes des années 70. L’émancipation par le travail oui, mais sur un air de disco ! Jacqueline Maillant avait à l’origine rencontré un vif succès avec une Suzanne tonique. Catherine Deneuve la reprend avec son style et donc un peu plus de distinction. Elle réalise une juste transition de la bourgeoise docile vers la bourgeoise émancipée. Son personnage de dirigeante volontaire et maternante prend parfois les allures d’une Ségolène Royal en campagne. Et ce portrait d’une autre époque ne semble pas si révolue au final...
En injectant des clins d’œil à la vie politique et sociale française d’aujourd’hui, dont un petit « casse toi pauv’ con », le réalisateur de Huit Femmes réussit une adaptation au goût du jour. Très Ozon, cette comédie est gentillement décalée, satirique et colorée. Le film est servi par une distribution de belles personnalités que viennent aussi garnir Gérard Depardieu, Karine Viard et Judith Godrèche. A noter la présence d’Elodie Frégé, ancienne apprentie-chanteuse de la Star Academy saison 3, qui fait sa reconversion dans le cinéma. Ils s’inscrivent dans un film qui résonne avec son univers musical teinté seventies. Ozon confirme avec cette distribution l’ancrage résolument grand public du film.
– Long-métrage français
– Réalisé par François Ozon
– Avec Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Fabrice Luchini, Karin Viard, Judith Godrèche...
– Site officiel : www.potichelefilm.fr
– Durée : 1h43
– Sortie : 10 novembre