Cette reforme « signerait la fin de la décentralisation au profit d’un dirigisme autoritaire de l’État », s’étrangle Michèle Picard, maire de Vénissieux. Pour elle, c’est la démocratie de proximité qui est en danger. Et de craindre la disparition pure et simple des communes au profit de structures plus vastes comme la métropole, moins proches des habitants. « La réforme éloigne les centres de décision de nos concitoyens », confirme Serge Tarassioux. Pour le député André Gérin, ancien maire de Vénissieux, venu prêter main forte à ses ex-collègues, la réforme territoriale entraînerait la création d’une « nouvelle administration de Bruxelles au niveau local ».
L’objectif de réduction de coûts, avancé par le gouvernement, ne trouve aucune grâce aux yeux de ces maires de la banlieue lyonnaise. La plupart des 525 000 élus locaux sont en effet bénévoles. « Le coût global de la fonction politique est de 28 millions d’euros », affirme la mairesse de Vénissieux. « Les [seuls] frais personnels de la présidence (de la république, ndlr), 70 millions d’euros, sont ainsi 2,5 fois supérieurs au coût global de tous les élus. » Pour elle, le déficit de l’État vient surtout du bouclier fiscal, de la TVA à 5,5% dans la restauration et des exonérations de charges accordées aux entreprises. 140 milliards d’euros au total, selon ses calculs, soit l’équivalent du déficit de l’État en cette année de crise économique.
Alors que la droite justifie sa réforme par la nécessité d’alléger le « mille-feuilles administratif », cet argument n’a pas plus de succès auprès des six élus grand-lyonnais. Avec les communes nouvelles, les pôles métropolitains et les métropoles, la réforme y rajoute encore de nouveaux échelons, fustige le sénateur communiste Guy Fischer. « Un pudding indigeste », résume Michèle Picard. Pour elle, les principales victimes de la réforme seront les personnes défavorisées. « Les familles de Neuilly ont moins recours aux services publics de proximité que les familles populaires », estime-t-elle. Et d’appeler de ses vœux une mobilisation comparable à celle de la campagne contre la constitution européenne de 2005. Tout en restant dubitative, quant au succès d’une telle action. « Le risque est grand qu’elle apparaisse secondaire, tant les problèmes de pouvoir d’achat, d’emploi, de précarité accaparent l’esprit de nos concitoyens », estime-t-elle.
Les maires réfléchissent alors à des moyens de se faire entendre. « Ça passe par l’organisation de réunions publiques, par des tracts, par le net », prévoit Michèle Picard. Ou encore par une journée de mairie morte, « pour montrer à quoi on sert », ajoute Serge Tarassioux. Avec ses collègues, il demande le projet de réforme soit soumis à un référendum.