Chaque salle retrace les différents parcours de l’artiste, oscillant entre de nombreux supports : dessins, peintures machine, collages sérigraphiques, films, papiers peints, sculptures monumentales... Thomas Bayrle sait satisfaire les plus gourmands. « C’est l’un des plus grands fabricateurs d’images que je connaisse », s’émerveille Nathalie Ergino, directrice le l’IAC et commissaire de l’exposition. « L’exposition est un moment d’exception ! »
Dès son entrée dans le musée, le spectateur s’engouffre dans une exposition aux tonalités ravageuses qui ont l’air de vouloir lui délivrer des secrets. Recouverte de papiers peints conçus spécialement pour les murs du musée, la première salle s’avère haute en couleurs, réunissant comme motifs des productions réalisées par des artistes amis. Comme accaparés par ces motifs, le spectateur oublie son individualité pour entrer dans l’univers de la pièce.
Plus qu’une recherche esthétique, l’artiste de 76 ans propose un voyage réfléchi dans une terre mondialisée et une vie marquée par la consommation de masse. Mais également par la religion, thématique omniprésente chez Thomas Bayrle. « Je crois en la culture de masse mais également en l’individualisme. Tout est unique », explique-t-il.
Héritier de l’art minimal, l’artiste crée des œuvres basées sur la répétition sérielle d’un même motif. Marqué par ses différents voyages et métiers, il propose un travail critique et engagé, détournant les codes de la publicité et interrogeant les valeurs et les normes des systèmes politiques, les symboles du capitalisme et de la société de masse grâce à son langage visuel unique et subjuguant.
Ayant travaillé dans une usine de tissu entre 1958 et 1960, un de ses sujets récurrent est l’analogie des fils en tant que réseau et structure. Il compare le fil à l’individu, la masse de fil au collectif, l’ensemble formant la société. Dès 1964, il sera frappé par les manifestations en Chine, des images qui imprégneront son parcours artistique. Les immenses rassemblements dans les stades où chaque individu ne devient qu’un pixel lui inspire de grands tableaux composés d’une multitude de petits motifs identiques. Les routes et leurs nombreux croisements et entrelacements se retrouveront également souvent dans la pratique de l’artiste.
L’exposition se termine par la sex-room, une salle à l’aspect psychédélique, aussi haute en couleur que la première. Submergeant le visiteur avec un papier-peint débordant de motifs, l’effet se fait presque hypnotique. L’exposition se conclut ainsi par un débat engagé sur la sexualité, aujourd’hui devenue reine d’internet. Cette salle interroge une sexualité médiatisée, dénuée de naturel, ses œuvres sérigraphiées nous rappellent à quel point le sexe est devenu une industrie, une machine de guerre tuant la sensualité de l’acte d’amour premier.
Info : jusqu’au 11 mai, du mercredi au dimanche, de 13h à 19h, Institut d’art contemporain, 11 rue Dr Dolard, Villeurbanne. Entrée : 4 euros (tarif réduit : 2,50 euros), visites commentées le samedi et dimanche à 16h.