« Cette histoire est inspirée d’une scène que j’ai vue dans le film de Sean Penn “Into the wild”, où un vieil homme proposait au jeune héros de l’adopter », raconte le réalisateur Gilles Legrand. Après La jeune fille et les loups sorti en 2007, Legrand, a voulu créer ici un univers autour de la paternité, l’attachement à la terre, la transmission du patrimoine et le savoir. En résulte un film noir et impitoyable. « Les scènes sont parfois d’une cruauté infinie », reconnaît le metteur en scène, « mais les gens peuvent aussi jubiler. »
La relation entre le père et son fils prend peu à peu des dimensions dramatiques. Chacun a sa personnalité, chacun a ses échecs. « L’importance dans cette histoire, c’est qu’on peut comprendre tous les personnages et leurs motivations », souligne le réalisateur. La force de chaque personnage se traduit justement par son impuissance : Martin (Lorànt Deutsch) ne réussit pas à se faire accepter par son père et François (Patrick Chesnais) père de Philippe, atteint d’un cancer, ne peut accepter que son fils s’attache à une autre figure paternelle. Enfin, personnalité puissante dans la vie et sur la toile, Niels Arestrup incarne Paul, un homme exigeant aux répliques cyniques, qui suscitent le sourire des spectateurs.
« J’ai voulu qu’on aime et déteste en même temps le personnage de Niels Arestrup », commente le réalisateur. Comment l’ont ressenti les autres acteurs ? « J’avais peur de ne pas être à la hauteur. Mais j’ai réussi à prendre du recul grâce à son regard, à sa force », avoue Nicolas Bridet, qui incarne le fils idéal. « Quant au personnage de Lorànt Deutsch, j’ai eu envie de le sauver, le rendre sympathique et digne », ajoute Gilles Legrand.
Ce déchirement d’une famille se déroule dans le cadre idyllique d’un domaine de Saint-Emilion. « Au départ, je voulais tourner en Bourgogne car j’avais besoin d’un endroit où on produit du vin blanc et rouge », explique Gilles Legrand. « Mais je n’ai pas trouvé ce château de mes rêves ». L’intrigue se passe donc dans le Bordelais où Paul de Marseul cultive entre autres un vin blanc, le Pouilly de Marseul. « Cela va surement choquer les spécialistes », sourit le metteur en scène, « mais il existe quelques originaux à Bordeaux qui ne respectent pas le jeu tyrannique des appellations. »
L’ambiance sombre du film est amplifiée par la musique funéraire de Vivaldi, réarrangée par Armand Amar pour l’ouverture et la fermeture du film. « J’avais entendu dans “Home” de Yann Artus-Bertrand Sandrine Piau chanter le “Cum Dederit” de Vivaldi, qui m’avait transporté », se souvient le réalisateur.
A travers la dureté d’un père intransigeant, la tristesse et la colère de son fils, le charme d’un nouvel arrivé, la douceur des personnages féminins, la fascination pour le vin, ce film amène le spectateur à réfléchir sur la relation père-fils et le droit de substituer une personne à une autre.
Long-métrage français
Réalisé par Gilles Legrand
Genre : Drame
Avec : Niels Arestrup, Lorànt Deutsch, Patrick Chesnais…
Durée : 1h42
Site officiel : www.image.net
Sortie : 24 août