Elle était surtout remplie de sympathisants des différents candidats, qui s’employaient à applaudir bruyamment la moindre intervention de leur champion respectif. A ce petit jeu-là, l’UMP était la plus efficace. Il faut dire que le parti présidentiel a mis les bouchées double pour rameuter ses dignitaires locaux. De Michel Forrissier à Philippe Meunier, en passant par Emmanuel Hamelin et Laurence Balas, le parti sarkozyste était venu nombreux pour soutenir sa tête de liste Françoise Grossetête.
Le PS n’était pas en reste non plus. Thierry Philip, Najat Belkacem, Farida Boudaoud ou encore Hervé Saulignac s’étaient déplacés pour soutenir Jean-Jack Queyranne. Mais moins bruyamment. Une sorte de sérénité pré-victoire semble régner chez les socialistes. Quant à Bruno Gollnisch (FN), s’il a réussi à faire réagir la salle à de nombreuses reprises, ce n’était moins en raison de la vingtaine de frontistes présents, qu’à une certaine maîtrise du bon mot qui fait rire. Comme quand il lançait à l’attention d’un Philippe Meirieu (Europe Écologie) se présentant comme un homme neuf : « Je vais citer Pagnol : “la virginité, c’est comme les allumettes, ça ne sert qu’une fois“. Nous avons le même âge Monsieur Meirieu, vous êtes un peu vieux pour un dépucelage. » Ou sur les transports : « la gauche n’aime pas l’automobile parce que c’est un mode de déplacement individuel. On peut partir d’où on veut et aller où on veut. La gauche n’aime pas ça parce que c’est individuel et pas collectif. »
Pour le reste, le débat, aussi louable fut l’initiative prise par Lyon Cap, n’a pas fait éclore d’idées nouvelles. Françoise Grossetête, dont le programme n’est pas encore prêt, se contentait de généralités et de petites piques contre la gestion dispendieuse et la complexité qu’elle disait avoir décelées chez l’exécutif actuel, en fustigeant une « vision de Charbonnières » qui ne tiendrait pas compte des territoires. En revanche, elle était en difficultés dès qu’il s’agissait d’étayer ses propos par des chiffres, une brèche dans laquelle Jean-Jack Queyranne s’engouffrait avec délectation, lui réclamant à plusieurs reprises des noms ou des exemples concrets.
Le président socialiste, visiblement à l’aise dans ses chiffres et son bilan, passait manifestement une bonne soirée (en tout cas jusqu’à se faire entarter à la sortie). Tout le monde saluait son bilan, notamment en matière de transports et de modernisation des TER. Il avait pris soin d’anticiper les attaques et rappelait à Françoise Grossetête, conseillère municipale de la majorité stéphanoise jusqu’en 2008, que le poids de la dette de la ville de Saint-Etienne est 6 fois plus élevé que celui de la Région.
La seule question qui apportait un peu de croustillant fut finalement celle des alliances. Le FN partira tout seul aux deux tours, quitte à faire gagner la gauche. Pour Bruno Gollnisch, « ce chantage est dérisoire. » Et de rappeler comment jadis le soutien de son parti à Charles Millon a été critiqué. Puis de conclure qu’il ne comptait pas se « faire hara-kiri ». L’UMP qui n’a pas grand monde pour s’allier avec, s’employait à présenter cela comme une force. « Nous allons au premier et au deuxième tour avec le même programme. Il n’y a pas de tromperie », affirmait sa tête de liste. Jean-Jack Queyranne qui tentait une nouvelle fois de faire du pied aux autres partis de gauche, MoDem compris, s’est vu répondre par Philippe Meirieu : « Partir avec les socialistes, c’est partir derrière eux. Si Jean-Jack Queyranne souhaite que je lui trouve une place sur la liste d’Europe Ecologie, je la lui trouverai. » Quant au Front de Gauche, hors de question de s’allier au MoDem, affirmait sa tête de liste Elisa Martin : « nous ne considérons pas le Modem comme un parti de gauche, c’est un parti libéral, il suffit de regarder ce qu’il propose. Au-delà du discours, ce sont des libéraux. » Affirmation qui faisait sourire Jean-Jack Queyranne.
Ce même MoDem qui, bien qu’étant absent des débats, se trouvait nombreux dans l’assistance. Et dans toute sa diversité. Les dirigeants départementaux Cyrille Isaac-Sybille, Eric Lafond et Anne Pellet y côtoyaient leurs adversaires internes, quelques élus, comme Gilles Vesco et des Jeunes Démocrates, venus nombreux. Ils étaient tous aussi dépités les uns que les autres, en raison du faux bond de leur champion. « Azouz ne croit pas aux débats comme ça. Il veut faire une campagne différente, décalé », affirmait une source officielle. « Une campagne décalée c’est bien, encore faut-il la faire » répondait un autre dirigeant.