Il était 2h30 quand le premier bus a pris feu. Garés les uns contre les autres, l’incendie s’est vite propagé. Quand à 3h les pompiers arrivent sur les lieux, six bus sont déjà en flammes. « Vers 5h30, nous avons maîtrisé la situation, vers 6h30 le feu était complètement éteint », explique le colonel Lionel Chabert, commandant des opérations de secours. "Les flammes montaient jusqu’à 10m. Elles ont atteint la charpente", se souvient-il. 60 pompiers et 14 camions étaient mobilisés. 20 policiers étaient également sur place pour délimiter un périmètre de sécurité.
Les 26 habitants de l’immeuble mitoyen (à l’angle du cours Suchet et du quai Rambaud) ont été évacués par les pompiers et temporairement mis à l’abri au Groupement du Rhône de la gendarmerie, tout proche, ou les gendarmes leur ont servi du café. Un appartement a été touché par les flammes. Ses occupants ont été relogés par la mairie dans un hôtel. Les autres ont pu regagner leur domicile dans la matinée.
L’origine, de toute vraisemblance criminelle, n’a pour l’heure pas pu être établie avec certitude. Il faut quelques jours à la police scientifique, sur les lieux depuis 10h, pour analyser les éléments recueillis ce matin. Il paraît néanmoins sûr qu’un individu a mis le feu à l’aide d’un objet incendiaire (cocktail molotov, torchon imbibé d’essence...). Le bus incendié se trouvant au milieu du dépôt, le feu s’est ensuite propagé autour. Des témoins auraient vu un homme cagoulé sortir en courant.
Il faut savoir que le dépôt était une véritable poudrière. Les pleins de gasoil étant faits le soir en fin de service, chaque bus était chargé de 300l d’essence, voire 600l pour les articulés. « Les réservoirs ont pété et le carburant s’est écoulé dans la canalisation », pointe le colonel Chabert. « Nous avons aussitôt alerté le service des égouts ». Ce service peut alors stopper la pollution en fermant des vannes et pomper le gazoil qui flotte sur l’eau.
A partir de 4h, les premiers salariés TCL arrivent pour prendre leur service. Aidé par des collègues du tram, ils ont sorti tous les bus du hangar, qui n’étaient pas encore atteints par le feu. Ainsi, la moitié de la soixantaine de véhicules a pu être sauvés. Une deuxième remise abritant 25 autres bus, n’a pas été touché par le feu. Avec le renfort de bus venus des autres dépôts, le service a finalement pu démarrer vers 6h30.
« Il faut deux jours pour évacuer toutes les carcasses brûlées », estime Olivier Contesso, le responsable de la maintenance, arrivé sur les lieux dès 4h30. « Après, j’espère que le travail reprendra vite normalement ». Ce n’est pas si sûr. La charpente ayant été fortement endommagée, le risque de chutes de tuiles est important.
Les grévistes étaient vite pointé du doigt. Plusieurs d’entre eux se sont rendus sur les lieux. Selon eux, l’incendie ne peut pas être le fait d’un agent TCL. « On a envie de pleurer », confie Nicole, une conductrice affectée au dépôt de Perrache. « C’était notre outil de travail. Maintenant, on ne sait pas où on va aller ». Pour elle, il est exclu que le feu puisse être le fait d’un conducteur. « C’est une hypothèse à écarter. On se sentait bien dans ce dépôt. Quelqu’un qui aime son outil de travail ne peut pas le détruire. »
L’indignation générale ne s’est pas fait attendre, jusqu’à Dominique Bussereau, ministre des transports, qui dénonce un « évènement d’une extrême gravité [qui] pénalise durablement l’exploitation du réseau de transport urbain de l’agglomération lyonnaise ». Même son de cloche chez Kéolis. Bernard Rivalta, président du Sytral, « salue l’efficacité du Service Départemental d’Incendie et de Secours et [...] remercie les 27 conducteurs de ce dépôt qui ont assuré malgré tout normalement leur service ». Il estime à « 12 millions d’euros », le coût des bus partis en fumée. Gérard Collomb, qui affichait pour l’instant un ostensible désintérêt pour la grève des TCL, a saisi l’occasion pour appeler « solennellement à une reprise du dialogue dans la matinée, afin d’aboutir à un accord et à une reprise du travail dès aujourd’hui ».