« Il est absolument incroyable que l’on ne puisse tenir cette conférence dans les locaux de l’Institut d’études politiques ! », s’insurge le collectif Palestine 69], à l’origine de la manifestation. L’universitaire sud-africain Mbuyiseni Quentin Ndlozi et Wasseem Ghantous, un Palestinien de Haïfa avaient été invités afin de débattre des parallèles entre l’apartheid en Afrique du Sud dans les années 1960-1990 et la situation en Palestine aujourd’hui.
La conférence devait également évoquer la campagne Boycott, Désinvestissement, Sanctions à l’égard d’Israël, lancée à l’appel de la société civile palestinienne en 2005 et portée par un ensemble d’ONG. Une campagne illégale aux yeux du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Mais pas pour la justice française qui a estimé dans un récent jugement que, « dès lors que l’appel au boycottage des produits israéliens est formulé par un citoyen pour des motifs politiques et qu’il s’inscrit dans le cadre d’un débat politique relatif au conflit israélo-palestinien, (...) l’infraction de provocation à la discrimination fondée sur l’appartenance à une nation n’est pas constituée. »
Or l’incident lyonnais est loin d’être un cas isolé. Un colloque sur le même thème, d’abord autorisé et même financé par l’université Paris VIII, a dû être déplacé à Saint-Denis (93), le président de l’université ayant fermé son établissement. Les trois intervenants dénoncent dans une tribune publié par le Monde des pressions du Crif et Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA).
Le 18 janvier, l’ENS Paris avait annulé un débat sur le Proche-Orient, auquel devaient participer Stéphane Hessel, la députée socialiste Elisabeth Guigou, Leïla Shahid, représentante de la Palestine à Bruxelles, ainsi que les pacifistes israéliens Michel Warschawski et Nurit Peled. Sur le site Internet du Crif, son président Richard Prasquier avait alors dénoncé « un crime contre l’esprit », commis par « quelques élèves de l’école convertis au terrorisme intellectuel ». Il s’est félicité de l’annulation de la conférence et a salué le rôle joué par Valérie Pécresse « ainsi que le rectorat de l’Université de Paris que nous avons contactés en urgence (et qui) ont réagi sans ambiguïté », selon le site du Monde.
A Lyon, le directeur de l’IEP Gilles Pollet a fait valoir des « risques avérés d’atteinte à l’ordre public » dans un message publié par le site Rebellyon. Un argument réfuté par les organisateurs. La conférence a finalement été déplacée dans la cour de l’Université Lyon II (photo), est « s’est déroulé tout à fait normalement », assure un membre du collectif Palestine 69.