« Avant j’essayais de faire en sorte que les gens se lèvent à la fin de mon discours, maintenant ils sont déjà debout quand je commence », rigole Robert Badinter, l’incontestable vedette de la soirée. Très en verve sur les valeurs humanistes, il cite Jean Jaurès et fustige le fossé entre « l’éclat au sommet de l’Etat bling-bling et la misère dans laquelle sont plongés beaucoup de nos concitoyens. » Puis, il articule ses attaques contre le gouvernement autour du triptyque fondateur de la république française. « Peut-on considérer que la liberté a progressé en France », questionnait l’ancien garde des sceaux. Avant d’accuser le gouvernement d’avoir « choisi délibérément de faire de la sécurité la déesse électorale. » Et de fustiger les gardes à vue, passées de 320 000 à 800 000 par an. Une augmentation qui, selon lui, « ne correspond en rien au résultat de la lutte contre la délinquance. »
Au rayon de l’égalité, le sénateur socialiste dénonce un « taux réel de l’imposition sur le revenu le moins progressif de toute l’Union européenne. » Puis, sur la fraternité, il met en garde que « nous nous enfonc[i]ons dans une société du mépris de la dignité humaine. » Et de lancer : « que m’importe qu’est-ce l’identité nationale, ce qui compte est la dignité humaine universelle. » En conclusion l’ancien avocat martèle à l’attention des militants socialistes : « ce qui se joue maintenant est le lever de rideau de la victoire de 2012. »
Accents nationaux aussi chez Gérard Collomb, pour qui avec le bulletin de vote il faut dire non au « libéralisme débridé [qui] nous a amené dans le mur. » Avant de revenir aux enjeux régionaux, en parlant des 25% de logements sociaux à la Confluence et du nouveau centre de Vaulx-en-Velin, « aussi beau que n’importe quel quartier de Lyon. » Des réalisations qui n’auraient pas vu le jour sans le soutien de la Région. Et de lancer : « si nous sommes en train de créer la ville post-carbone, c’est avec la Région. »
En agitant des feuilles fuchsias, les sympathisants ont accueilli Jean-Jack Queyranne, le dernier orateur de la soirée. « Rien n’est jamais acquis », a-t-il prévenu l’assistance, alors que le sondage du Progrès était dans tous les esprits. Un sondage qui place Europe Écologie à seulement 4 longueurs du PS. Un concurrent, que le président sortant a chois d’ignorer au cours de son intervention. Il a simplement rappelé la présence sur sa liste de l’ex Verte Hélène Blanchard, et prôné une « écologie positive », et non une « écologie de peur, de punition et de retour en arrière. »
Après avoir égrené les principales réalisations de sa mandature (gratuité des livres scolaires, refus des OGM, doublement du budget culture, déploiement d’énergie renouvelables...), il a esquissé quelques grandes lignes de son programme : de nouvelles gares et des trains en plus, la limitation à 2 euros par jour des frais de TER, une école de la seconde chance par département (il en existe actuellement 3 en tout dans la région), soutien aux villes dont l’hôpital ou l’agence postale sont menacés de fermeture, 20 000 ultra-portables et des tableaux numériques pour les lycées, extension de la carte M’RA... Avant d’appeler à battre la droite qui « abandonne ses agriculteurs et méprise les régions. »