Centre social de Parilly squatté

44 Roms dans la crainte d’une intervention policière

Vendredi à 14h, la Police aux frontières (PAF) s’est rendue au centre social de Parilly. 10 fonctionnaires en uniforme, accompagnés d’une interprète. Durant une heure, ils ont contrôlé l’identité des 44 Roms qui squattent les lieux depuis jeudi matin. Depuis, ceux-ci vivent dans la peur d’un retour des forces de l’ordre et d’une reconduite à la frontière.

Ils sont au chaud mais quelque peu entassés les uns sur les autres, dans le petit hall d’accueil du centre social de Parilly. La nuit dernière, 30 adultes, dont 3 femmes enceintes et 14 enfants, ont dormi à même le sol. La Croix-Rouge avait apporté quelques petits matelas et 13 couvertures. Un bébé de 3 semaines a pleuré toute la nuit.

Plusieurs associations, Réseau éducation sans frontières (RESF), Classes, Médecins du monde (MDM) sont présentes. Toute la nuit, elles se sont relayées pour rester auprès des Roms. Un vigile est également présent à la demande de la mairie de Vénissieux. Celle-ci a accepté que les Roms restent au centre social, après leur expulsion du terrain de Surville (Lyon 7ème). Pour combien de temps ? Jusqu’à lundi matin, veulent croire les associations. Or, le policiers auraient dit qu’il reviendraient samedi matin.

Au milieu du brouhaha, Adarko, 8 ans, se plaint de maux de tête. Il peine à garder les yeux ouverts. Il n’est que 17h. « Je ne demande pas une maison, je veux juste une chambre pour mes enfants et moi », implore Michaela, la maman du bébé de 3 semaines. « Je n’ai pas volé, je n’ai commis aucune infraction. Pourquoi on veut m’expulser ? » Avec ses deux autres enfants de 6 et 13 ans et son mari, elle habitait dans une caravane. « Il n’y a pas de chauffage, pas de lumière », dit-elle dans un français approximatif. « On ne dort plus depuis 3 jours. On est désespéré. »

Michèle Picard, la mairesse de Vénissieux avait bien téléphoné au 115 pour demander un relogement des 44 personnes. En vain, il n’y a plus de place nulle part avant l’ouverture du plan froid. « L’État se désinvestit totalement », déplore Isabel Marblé de MDM. « Le préfet annonce 650 place supplémentaires pour le plan froid, cela ne suffira jamais », s’étrangle Myriam Rivoire de RESF. On estime qu’il y a 800 Roms dans l’agglomération, auxquels s’ajoutent les SDF français et de plus en plus de travailleurs pauvres qui dorment dans leur voiture tant que les températures le permettent.

Parmi les bénévoles, il y a Paulette 78 ans. « Tout ça je l’ai vécu moi aussi, quand j’étais enfant ». Et elle raconte comment « la police de Vichy » est venue la chercher, elle qui n’avait que 7 ans et son père, pour les emmener au Palais de justice. Comment elle s’est retrouvée au milieu d’une foule d’autres personnes, enfants et adultes, dans les couloirs du tribunal, pendant que son père était interrogé. Des souvenirs qui reviennent à la vue de ces Roms du centre social de Parilly, dit-elle. « A quoi sert le progrès si en 2011 la pauvreté et le racisme sont toujours là ? »

Publié le : vendredi 11 novembre 2011, par Michael Augustin