Parfois brillant, souvent médiocre

OL : Une campagne européenne mi figue-mi raisin

Il y a quelques jours seulement, l’OL était encore engagé sur quatre tableaux. Mais depuis sa débâcle européenne à Nicosie, le club de Jean-Michel Aulas se trouve balayé de la compétition reine qu’il affectionne tant. Retour sur une campagne européenne 2011-2012 qui restera dans les annales.

A n’en pas douter, les matchs de l’OL à Zagreb et à Nicosie cette saison resteront longtemps dans les têtes des supporters ; et pour cause ! Exploit sensationnel pour le premier, désastre retentissant pour le second, l’OL a alterné ces derniers mois le très bon et le très mauvais en Ligue des Champions, signe d’une équipe en manque de repères.

Lyon perd ses cadres

Une équipe encore en rodage qui avait perdu l’été dernier plusieurs valeurs sures. Jérémy Toulalan faisait alors ses valises pour Malaga (Espagne) et laissait le jeune Maxime Gonalons prendre seul ses responsabilités en milieu de terrain. Côté offensif, mêmes problèmes : César Delgado, dont le passé brillant avec l’OL est symbolisé par ses matchs de Coupe d’Europe, s’en est allé à Monterrey (Mexique), tandis que Pjanic, sauveur et véritable héros de l’OL contre le Réal Madrid en 2010, a rejoint l’AS Roma (Italie).

Logique dès lors qu’avec les recrutements de Dabo (25 ans), Koné (23 ans), Fofana (20 ans), l’intégration de jeunes du centre de formation comme Lacazette, Grenier ou Pied, et les nombreuses blessures de joueurs cadres (Gourcuff, Lovren, Lisandro), l’Olympique Lyonnais ait manqué de constance et de performance dans la compétition la plus prestigieuse d’Europe.

Les débuts de l’OL dans son groupe étaient pourtant encourageants : les Gones décrochaient un nul mérité à Amsterdam (0-0) contre un adversaire que l’on disait redoutable et affûté offensivement. Le premier match de Rémi Garde sur le banc d’entraîneur de l’OL se soldait donc par un score de parité qui plaçait alors les Lyonnais en position favorable, à l’heure d’affronter le Dinamo Zagreb.

L’OL n’est plus la bête noire du Real

Fin septembre, et alors qu’ils étaient en pleine bourre en championnat, les Rhodaniens avaient l’occasion de continuer leur marche en avant en jouant contre les Croates du Dinamo Zagreb. A Gerland, pour le centième match de Ligue des Champions de son histoire, l’OL n’a fait qu’une bouchée du petit poucet du groupe en le dominant sans trop forcer grâce à un magnifique lob de Gomis sur Kelava et à un Koné opportuniste à la retombée d’un corner (2-0). Ce soir-là, les coéquipiers d’Hugo Lloris ont fait preuve d’une grande maîtrise.

C’est alors un tout autre visage que les Olympiens ont montré contre le Real Madrid, aussi bien à l’aller (0-4) qu’au retour (0-2). L’ancien Gone Karim Benzema était une fois de plus le bourreau des Lyonnais sur les terres madrilènes, auteur d’un but et d’une passe décisive pour Khédira. Ozil et Sergio Ramos se chargeaient d’achever le travail avec une facilité déconcertante, pour infliger à l’OL la plus grosse défaite de son histoire en Europe.

Les Lyonnais déclareront d’ailleurs tous à la fin du match que ce Real-là est sans doute le plus puissant qu’ils aient eu à affronter depuis 2006. A Gerland, rebelotte : les hommes de Mourinho (et ceux de Rémi Garde, par la force des choses) ont laissé Cristiano Ronaldo s’exprimer librement. Résultat : le Portugais réalisa un doublé (dont un but sur penalty) qui mit les Gones dans l’obligation de l’emporter sur l’Ajax d’Amsterdam à la rencontre suivante, pour espérer une qualification en huitièmes de finale.

Patatras ! à Gerland, dans un match complètement fermé où ils n’ont joué que dans le dernier quart d’heure, les Lyonnais ne sont pas parvenus à inscrire le moindre but. Lot de consolation néanmoins : ils n’en ont pas non plus encaissé (0-0). Si bien que ce deuxième nul arrangeait en grande partie les affaires néerlandaises, puisque Lyon, avec trois points de retard sur leurs adversaires du soir, était condamné à l’exploit à Zagreb deux semaines plus tard. Pire, même, il fallait un incroyable concours de circonstances impliquant le Réal, l’Ajax, Zagreb et l’OL lui-même pour rêver à la qualification, car les joueurs de Rémi Garde devaient remonter un déficit de sept buts en une seule soirée sur le club des Pays-Bas. Dur. Pourtant le miracle se produit.

Gomis et Zagreb, plutôt quatre fois qu’une

Déjà auteur d’un but à l’aller, le meilleur buteur de l’OL Bafé Gomis permettait un invraisemblable retournement de situation en inscrivant un triplé ce soir-là. C’est pourtant Zagreb qui ouvrait le score mais, réduits à 10 après l’expulsion de Jerko Leko, les Croates abandonnaient totalement toute combativité.

En moins de 40 minutes, l’OL pouvait alors enchaîner les buts : Gomis, donc, mais aussi Lisandro, Gonalons, Cissokho et Jimmy Briand (7-1) permettaient à l’OL de vivre une qualification improbable. Ce score historique éveillait forcément les soupçons, savamment entretenus par la presse espagnole. Aucune preuve n’a toutefois pu être apportée et Jean-Michel Aulas avait beau jeu de se plaindre du manque de considération de l’exploit sportif de son équipe.

Lyon surfait sur la vague de la réussite et de la chance, puisqu’il tirait en fin d’année 2011 l’adversaire le plus abordable pour les huitièmes de finale : l’Apoel Nicosie. Les sourires étaient présents sur les visages peu après le tirage au sort de l’OL : il faut dire que tomber sur le petit poucet de la compétition était une aubaine pour un OL qui aurait pu affronter Barcelone, Chelsea, Arsenal ou encore le Bayern Munich.

Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, avait alors eu une formule prémonitoire : « C’est le père Noël avant l’heure, mais attention, car le père Noël peut aussi être une ordure. » Et voilà que le piège chypriote s’est peu à peu refermé sur les Rhodaniens. Et le manque d’expérience de l’équipe lui a été fatal.

Nicosie : une séance de tirs au but fatale

A l’aller, et sur son terrain, l’OL n’a pourtant pas tremblé. Sans être transcendant, mais en se montrant volontaire et efficace, le groupe de Rémi Garde a assuré la victoire face à une équipe ultra-défensive, grâce à un but de l’homme en forme en 2012 : Alexandre Lacazette (1-0).

Seulement, l’avantage acquis à l’aller s’effaça rapidement au retour, lorsque Manduca marqua pour l’Apoel dès la huitième minute de jeu (0-1). C’était le seul but du match entre un OL paralysé par la peur et des Chypriotes transcendés par la possibilité d’accéder pour la première fois de leur histoire à un quart de finale de Ligue des Champions (voilà l’un des miracles de la réforme Platini, qui a ouvert les portes de la compétition reine à des championnats méconnus).

Après les prolongations, ce sont les tirs au but qui ont départagé Lyonnais et Nicosiens. Et malheureusement, comme souvent avec l’OL, les tirs au but n’ont pas joué en sa faveur : Lacazette et Bastos manquaient leurs tentatives face à Chiotis, et Lloris ne parvenait pas à réaliser un arrêt (4 tirs aux buts à 3). Nicosie se qualifiait donc, et éliminait ainsi un Lyon parfois brillant mais trop souvent médiocre.

C’est ainsi d’ailleurs que l’on pourra qualifier la campagne européenne de cet OL version 2011-2012 : parfois brillant, souvent médiocre. Cette saison, l’OL a tenu en haleine la France entière en lui offrant à Zagreb un des plus beaux retournements de situation que le pays ait connu, mais s’est bêtement fait prendre au piège par une équipe à priori moins forte sur le papier. Suspens, surprises, immenses joies, inconsolables déceptions : ce sont ces scénarios-là qui font l’essence même du football. Et au fond, c’est aussi pour ça qu’on l’aime...

Publié le : samedi 17 mars 2012, par Mikhaël Defoly