Les victimes accusent

Viols au tennis-club : quel rôle a joué la Fédération ?

Alors que l’ancien entraîneur Régis de Camaret comparait devant la cour d’assises du Rhône pour de nombreux viols sur mineures, les victimes pointent du doigt l’inaction de la Fédération française de tennis.

L’ex-championne de France de tennis Isabelle Demongeot qui a livré un témoignage accablant contre son ancien entraîneur Régis de Camaret, qu’elle accuse de l’avoir violée dès son adolescence, n’a pas manqué d’égratigner également la Fédération française de tennis.

En 1990, elle dit avoir rencontré des représentants de la fédération, et notamment son président de l’époque, Philippe Chatrier, décédé depuis. « Je lui ai dit que cet homme (Régis de Camaret, ndlr) est violant, qu’il faut être vigilant », se souvient l’ancienne joueuse. « Mais il n’y a pas eu d’action de la part de la fédération. »

Même son de cloche chez Karine Pomares, autre victime présumée de l’ex-entraineur du tennis-club des Marres à Saint-Tropez. Elle affirme avoir adressé un courrier à Jean-Paul Loth, alors directeur de la communication de la Fédération de tennis de Paris. « Je n’ai jamais eu de réponse », déplore la jeune femme.

Interrogé par les enquêteurs, Loth dit se souvenir avoir reçu une « lettre de doléances » de la mère d’une joueuse. Il affirme avoir répondu « que la Fédération française de tennis n’avait aucun rapport avec un club privé et qu’il convenait qu’elle retire sa fille de la structure ». Sans toutefois être en mesure de produire ladite réponse.

« La parole des victimes est encore parfois mise en doute par des dirigeants, se souciant plus de la tranquillité et de la respectabilité de leur fédération que de la sécurité ou de la santé physique et mentale des sportifs », dénoncé Greg Décamps, président de la Société française de psychologie du sport, dans un billet sur le site du Nouvel Obs.

Dans un rapport ministériel qu’il a coordonné en 2009 sur le sujet, Greg Décamps souligne qu’on « sait peu de choses de la prévalence des violences sexuelles dans le sport comparativement a d’autres milieux ». Le rapport révèle toutefois que 17% des sportifs disent avoir subi des violences sexuelles dans le cadre de leur activité sportive.

Le livre Service volé, publié en 2005, dans lequel Isabelle Demongeot raconte les sévices infligés par son ancien entraineur Régis de Camaret, a néanmoins provoqué une prise de conscience. Reçue par Nicolas Sarkozy, l’ancienne championne a par la suite conseillé Roselyne Bachelot, alors ministre de la santé. Il a fallu attendre encore deux ans pour que la Fédération française de tennis, puis le ministère des Sports, mettent en place une charte.

« Insuffisant », juge Greg Décamps, cité par France Télévison. Il demande « la participation d’athlètes connus à des campagnes de médiatisation ». Avant de conclure : « le monde sportif a sûrement besoin de voir certaines de ses élites prendre position par rapport à ces agissements inacceptables. »

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Publié le : dimanche 18 novembre 2012, par Michael Augustin