Tribunal de commerce

Véninov : un nouveau délai pour le repreneur

C’était l’audience de la dernière chance. Le 19 février, le tribunal de commerce de Nanterre a décidé de laisser au groupe autrichien Windhager jusqu’au 11 avril pour redémarrer, comme prévu, la production sur le site de Véninov. Sous peine d’une forte amende.

« 125ème anniversaire » est écrit sur l’affiche scotchée sur la vitre d’un bureau dans l’usine Véninov à Vénissieux. Vestige d’un temps meilleur pour ce vaste site de production, à l’arrêt depuis août 2011.

Créée le 23 juillet 1874, sous le nom des Établissements Maréchal, la société s’appelle successivement Vénilia, puis Véninov. Leader européen de la toile plastifiée, elle a mis au point la toile cirée à l’huile de lin, les premières feuilles PVC calandrées et l’adhésif. A son apogée, l’entreprise emploie 1300 personnes.

Après deux plans sociaux en 2001 et 2004, elle est rachetée en mai 2009 et fusionnée avec l’entreprise Alkor. L’ensemble compte encore 554 salariés et trois usines : Véninov à Vénissieux (toile cirée), H.A. Intériors à Cramington en Angleterre (stickers) et Boekelo Folien à Boekelo en Hollande (adhésifs).

Depuis, les problèmes s’accumulent et l’entreprise est placée en liquidation le 21 juillet 2011. Les 87 derniers employés du site se retrouvent au chômage. Refusant de baisser les bras, ils occupent alors le site pour empêcher que le propriétaire des lieux, le fonds de pension américain Gordon Brothers, ne démonte les machines.

Puis, une lueur d’espoir apparaît : le 4 mai, le tribunal de commerce de Nanterre accepte l’offre de reprise de Windhager. L’entreprise autrichienne, spécialisée dans le mobilier de jardin, s’engage à racheter les actifs pour 2,5 millions d’euros, de reprendre dans un premier temps 40 à 50 employés et de redémarrer la production à la rentrée 2012.

Or, neuf mois plus tard, les machines sont toujours à l’arrêt, et les anciens Véninov perdent patience. Ils accusent le repreneur de vouloir simplement récupérer la marque et les cylindres d’impression et de transformer le site vénissian en un simple lieu de stockage.

Dans une lettre ouverte, ils en appellent au ministre du redressement productif. Ils lui demandent « d’organiser, de toute urgence, une réunion de travail pour que, sous votre autorité, nous envisagions toutes les actions nécessaires afin de maintenir la production de la toile cirée et préserver le label français Vénilia – Véninov dans l’esprit du patriotisme industriel. » Réponse prudente d’Arnaud Montebourg lors de son passage à Lyon : « Nous suivons le dossier depuis un certain temps déjà. Il est nécessaire de faire preuve de discrétion. »

Dernier épisode du feuilleton, le 19 février, les dirigeants du groupe autrichien se retrouvent à nouveau au tribunal de commerce de Nanterre, assignés en référé par le mandataire judiciaire, Marc Sénéchal. Ce dernier demande au juge d’obliger le repreneur à respecter ses engagements et de fixer une astreinte de 30 000 euros par jour de retard. Le tribunal repousse sa réponse sur ce point au 11 avril.

Les anciens employés, eux, n’y croient plus. « Ce qui nous reste, c’est l’espoir de trouver un autre repreneur », déclare Stéphane Navarro, ex-délégué syndical CGT, lors d’un rassemblement dans les locaux de l’entreprise (photo). Ajoutant que ce serait sans doute trop tard pour les anciens salariés comme lui, qui n’auront plus droit aux indemnités de chômage fin août.

Le diaporama est sur www.flickr.com/lyoninfo.

Publié le : mardi 26 février 2013, par Michael Augustin