Ils avaient crié victoire un peu vite. Lorsque le 4 mai dernier, le tribunal de commerce de Nanterre a accepté l’offre de reprise formulé par l’entreprise autrichienne Windhager Garden, les 87 ex-salariés de Véninov voulaient croire aux lendemains qui chantent.
Windhager, spécialisé dans le mobilier de jardin, avait promis de reprendre dans un premier temps 40 à 50 employés et de redémarrer la production à la rentrée. Neuf mois plus tard, les machines sont toujours à l’arrêt.
L’heure est donc à nouveau à la mobilisation. Dans un courrier adressé en décembre au repreneur, l’ancien maire et député de Vénissieux, André Gerin s’énerve : « depuis sept mois, rien n’a été fait pour entretenir, maintenir, préparer les machines en vue d’un éventuel redémarrage.(...) Nous sommes témoins d’une situation de laisser-faire, de pourrissement, qui perdure encore aujourd’hui. » Il dit craindre que « la production industrielle de Vénissieux (ne soit) purement abandonnée, l’usine reconvertie en un lieu logistique à destination de la France et l’Europe du Sud. »
La réponse de Johann Windhager du 8 janvier a fait l’effet d’une douche froide. Le président du groupe autrichien admet avoir été « été trop optimistes quant à (ses) capacités d’embauches sur le site ». Dans son courrier, il n’est plus question que « de 11 à 15 personnes au début du second trimestre 2013 ». Et surtout, le site vénissian n’accueillerait plus de production mais servirait simplement à « confectionner et conditionner des produits semi finis en produits prêts à vendre ».
La production devrait, elle, être délocalisée sur un autre site du groupe, à Boekelo aux Pays-Bas. Le dirigeant demande d’ailleurs expressément dans son courrier que 400 cylindres d’impression soient transférés de Vénissieux en Hollande afin d’« être mis en place dans des machines de production ultramodernes ». Des propos qui font crier les anciens salariés au « démantèlement » de leur usine.
C’est dans ce contexte qu’André Gerin demande à Arnaud Montebourg « d’organiser, de toute urgence, une réunion de travail pour que, sous votre autorité, nous envisagions toutes les actions nécessaires afin de maintenir la production de la toile cirée et préserver le label français Vénilia – Véninov dans l’esprit du patriotisme industriel. » L’ancien maire accuse le « faux repreneur » Windhager de n’avoir « qu’un seul but, celui de voler cette marque prestigieuse. »
Réponse prudente du ministre : « Nous suivons le dossier depuis un certain temps déjà. Il est nécessaire de faire preuve de discrétion. »