« Nous avons proposé avec Jean-Louis Touraine il y a 30 ans de rénover Edouard Herriot. Mieux vaut tard que jamais », a ironisé le maire de Lyon. Depuis son ouverture en 1933, l’hôpital a en effet beaucoup vécu et vieilli, et les projets de rénovation se sont succédés. Un premier plan, présenté dans les années 90 par Michel Noir a fini aux oubliettes. Un deuxième projet adopté fin 2001 a été abandonné en 2007 en raison de la situation financière de l’établissement. Deux ans plus tard, l’idée fut à nouveau relancée. Après quelques études, un projet de 80 millions d’euros a été élaboré. Et aussitôt écarté. « Du rafistolage », a jugé Gérard Collomb. Qui a donc présenté jeudi un quatrième programme.
Une configuration trop éclatée
« Il faut être expert en géographie pour s’y retrouver », a raillé le sénateur-maire. Composé de 32 pavillons (dont 22 de soins), l’hôpital Édouard Herriot est une ville dans la ville. « C’est la galère absolue, vous n’y comprenez rien. » Regrouper les services et les organiser selon un ordre logique est donc le maître mot. La future organisation consiste ainsi à réunir les différents services d’urgence en un seul et de construire un nouveau plateau technique de 15 000 m², pouvant accueillir 18 à 20 salles d’opération. Cette première phase, qui devra se dérouler entre 2013 et 2017, coûtera 120 millions d’euros. Puis, dans un deuxième temps, entre 2020 et 2025, un nouveau bâtiment de 22 000 m² devra voir le jour, permettant de regrouper les lits d’hospitalisation en un seul endroit. Cette deuxième phase est estimée à 150 millions d’euros.
Reste la question du financement. Pour la première tranche, 40 millions d’euros doivent venir des Hospices civils de Lyon (HCL), 20 de l’État et le reste du Grand Lyon et de la Ville. Or, Gérard Collomb n’a aucun engagement écrit du gouvernement. Juste une vague déclaration d’intention de la part de Xavier Bertrand de « financer quelque projets », qui aurait été donnée au cours d’une réunion en juillet dernier. « Si l’État ne met pas les 20 millions, il n’y aura pas de projet », a menacé le maire de Lyon.
Autre point d’interrogation : la capacité du nouvel ensemble. De 1544 lits lors de son inauguration, l’hôpital Édouard Herriot est passé à 2723 en 1953. Aujourd’hui, il n’en compte plus que 850 et le nouveau projet en prévoit encore moins : 650 lits. 60 lits doivent être transférés aux Hôpitaux Est, qui accueilleront le service ORL. Les autres seront supprimés en développant les services ambulatoires, où le patient quitte l’hôpital le jour même. Un pari risqué compte tenu du vieillissement de la population et l’augmentation de la demande en gériatrie, un pôle d’excellence universitaire. « Le projet tient la route », assure Olivier Claris, le président de la commission médicale de l’établissement.
Cette fermeture de lits ne devrait toutefois pas s’accompagner d’une nouvelle baisse des effectifs. « On commence à être au taquet », a estimé Gérard Collomb.