Gérard Collomb l’a trouvé « vachement bien ». « Cela aurait pu être un peu barbant », confie le maire de Lyon. Puis point du tout. En sortant, le sénateur-maire a eu « l’impression qu’on voyait un film ». Un avis visiblement partagé par les autres spectateurs, pas insensibles à cette diffusion de photographies et commentaires des habitants de la Duchère, à l’heure où leur quartier est en pleine transformation.
Réalisé par le collectif The Womps, Duchoramas - Chroniques d’un quartier en mutation est une série de 12 documentaires photographiques et sonores de cinq minutes chacun. Il recueille les attentes, les espoirs et les craintes des familles sur la question du logement alors que leur quartier est en pleine métamorphose. Symbole de ce changement, la destruction de la barre des 220, le 19 mai dernier, en guise d’épilogue.
Pendant plus d’un an et demi, le collectif The Womps est allé vers les familles, les a photographiées et interviewées. Une aventure au cours de laquelle Thomas, le technicien du son a « appris ce que voulait dire : habiter quelque part ». Ce jeune homme de 30 ans qui habite le centre ville de Lyon est « très heureux de cette rencontre avec le quartier et très ému ». Durant la réalisation du projet, il affirme avoir rencontré des personnages « touchants », chacun à leur manière. De l’étudiant qui arrive à la Duchère seul dans une résidence encore en travaux, à la dame âgée qui y habite depuis toujours et qui ne craint rien, en passant par une grand-mère de 39 ans, veuve, qui vit avec 2 de ses 4 filles à la Duchère et en apprécie l’espace : « notre appartement est grand ici. A la Part-Dieu, on dormait à 3 dans une seule chambre ». Thomas l’affirme encore ému : « Une fois que ces personnes nous ont dit oui, elles nous ont ouvert leur porte en grand. Le quartier nous a vraiment bien accueilli ».
« Faire ainsi avec d’autres quartiers de la ville »
Les Duchoramas n’est pas seulement le témoignage d’un quartier en mutation. C’est aussi un documentaire à la gloire de la mixité sociale et ethnique, qui vise à briser les tabous sur la banlieue. Sans doute le portrait de ce territoire du 9ème arrondissement est-il un peu édulcoré, mais la richesse des gens présentés est, elle, bien réelle. « On pourrait faire ainsi avec d’autres quartiers de la ville », imagine déjà Gérard Collomb, le maire de la ville.
Cette œuvre, qui a été montrée samedi pour la première fois dans son intégralité, a « vocation à être présentée ailleurs ». Le film a d’ailleurs été décliné en une exposition photos comportant les meilleures citations des habitants, et qui pourrait bien voyager. A l’occasion de la Fête des Lumières, le 8 décembre au pied de la barre des 130 et les 9, 10 et 11 décembre place Valmy, les Womps vont ainsi « projeter des portraits d’habitants du quartier depuis des containers sur les murs de la ville ».