Rien n’avait vraiment changé dans ce quartier, construit à la hâte dans les années 60 et 70, malgré un classement en "Politique de la Ville" en 1986. Il fallait attendre l’arrivée de Gérard Collomb à la mairie centrale, et le lancement d’un Grand Projet de Ville (GPV).
"60 à 70% des habitants avaient un revenu inférieur aux RMI", rappelle le Maire. "80% de logements sociaux, pour seulement 20% de copropriétés privées, des appartements qui ne valaient plus rien, 35% des habitants sous le seuil de pauvreté". C’est ainsi qu’il décrit ce quartier qu’il connaît bien pour avoir été maire du 9e arrondissement, dont dépend la Duchère.
Au total, 1700 logements seront détruits d’ici 2016, et autant reconstruits dans de petites résidences, qui ne dépasseront pas les 7 étages. Et qui devront également être plus écologiques. Toutes raccordées à la chaufferie centrale au bois de la Duchère, leur consommation énergétique se situera entre 60 à 70 kWh/m²/an, contre 300 à 400 pour les logements détruits, souligne Gilles Buna, vice-président du Grand Lyon, en charge de l’urbanisme. Et de se féliciter que "40% de la Duchère est constituée d’espaces verts, publics et privés". Sans compter un hectare de toitures qui devront être végitalisées. Le quartier est également plus pratique pour les éboueurs. Des silos enterrés sous le trottoir remplacent petit à petit les poubelles des immeubles. En raison de leur grande capacité, 1 seul passage du camion poubelle par semaine suffit désormais, contre 5 auparavant.
1025 logements neufs seront livrés d’ici 2010. Aux côtés des OPAC du Rhône et du Grand Lyon, de la SACVL et d’autres opérateurs de HLM, 5 promoteurs privés ont répondu présents. "C’est notre métier d’accompagner la mutation de ce quartier", précise Fabrice Hoolbeck, président régional du promoteur Nexity. Et de se féliciter d’avoir "très bien vendu" ses appartements. Sur les 45 appartements construits, seuls 4 n’ont pas encore trouvé preneur. "Les promoteurs étaient intéressés par retrouver une clientèle ordinaire", explique Bernard Paris, architecte-urbaniste en charge du projet. Les prix sont alors nettement plus abordables ici : 2378 €/m2 en moyenne, contre 3636 € sur l’ensemble de la ville. "Il y a beaucoup d’anciens Duchérois parmi les acheteurs", fait remarquer Fabrice Hoolbeck. Beaucoup de jeunes aussi, achetant pour la première fois.
Au delà de la destruction et reconstruction d’immeubles, tout le quartier est restructuré. Jadis organisées en unités renfermées sur elles-mêmes, les nouvelles résidences s’ouvrent sur l’extérieur. Deux axes ont été créés : l’avenue du Plateau qui traverse le quartier du nord au sud et l’avenue Rosa Parks qui va d’est en ouest. A leur croisement émergera la place Abbé-Pierre, futur cœur du quartier, bordée de la nouvelle bibliothèque et de la halle d’athlétisme, prévue pour 2012.
"L’opération est achevée aux trois quarts", estime Gérard Collomb, alors qu’on n’est qu’à mi-parcours de ce projet programmé de 2003 à 2016, et qui aura coûté 600 millions d’euros, dont 250 millions d’euros d’investissements privés. C’est peut-être un peu optimiste, tellement le quartier est encore en chantier, mais le changement est d’ores et déjà bien visible. "C’est formidable !", trouve André, chauffeur de taxi fraîchement retraité et habitant du quartier depuis 1972. Et de louer le calme de ce quartier, avant de conclure : "Il y a un bon air à la Duchère", loin de la pollution de la ville.