Si ses deux dernières saisons lyonnaises ont somme toute été honorables d’un point de vue comptable (15 buts en 2009-2010, 12 buts en 2010-2011), ce nouveau départ s’accompagne de nombreuses satisfactions individuelles et collectives. D’un point de vue personnel, tous les observateurs s’accordent à dire que l’attaquant axial a énormément progressé balle au pied, dans la percussion, la rapidité et (son principal point fort dans une association en 4-4-2 avec Lisandro Lopez) en point d’appui, dos au but. En l’absence de l’Argentin, blessé à la cheville depuis le 27 août dernier, Bafé Gomis s’est parfaitement adapté et intégré dans un 4-2-3-1 dont il est l’élément moteur.
Depuis deux mois, le natif de la Seyne-sur-mer n’a pas vraiment eu le temps de souffler : il enchaîne les bonnes performances, entre matchs de championnat et coupe d’Europe. Sans broncher, heureux d’être sur le terrain, l’ancien Vert paraît pleinement épanoui dans cet OL new-look où la primauté est faite aux joueurs de caractère. Et nul doute que le tempérament du buteur lyonnais n’est pas innocent à l’excellente forme qu’affiche le club actuellement.
Des débuts en dent de scie
Transféré du Forez (Saint-Etienne) en 2009 pour 13 millions d’euros, tous les regards étaient braqués vers la Panthère devenue lionne. Une arrivée sur fond d’histoire de rivalité héréditaire entre les deux clubs. Gomis devait alors faire ses preuves. Titularisé une fois sur deux par Claude Puel, il a mis du temps à trouver ses marques dans un Gerland attentif à ses moindres faits et gestes. Quelques prestations en demi-teinte lui ont d’ailleurs valu des sifflets, réprimandes de plus en plus répétées : Gomis, l’ancien Vert (et pas encore totalement lyonnais), était alors devenu, comme Carrew, Keita ou Piquionne en leur temps, le bouc émissaire de Gerland. Mais les attaques de certains supporters n’ont pas eu raison de lui.
Un homme discret et déterminé
Travailleur, obstiné, l’attaquant de 26 ans n’a pas baissé la tête. Sans s’épancher dans les médias, préférant le travail et l’acharnement lors des entraînements à la polémique, celui que Gerland conspuait lors de ses entrées ou sorties du terrain a progressé dans l’ombre de Tola Vologe.
Solidaire, collectif, il récolte aujourd’hui pleinement le fruit de ses qualités, où son entente avec Bastos n’a jamais été aussi efficace (3 passes décisives du Brésilien pour Bafé).
Opportuniste et capable de coups de génie (comme lors de son lob contre le Dinamo Zagreb, mardi dernier), Gomis a déjà marqué à 8 reprises en 13 rencontres, toutes compétitions confondues, ce qui en fait, bien sûr, le meilleur buteur lyonnais de la saison en cours. Et l’homme ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Avec un peu plus de lucidité, dimanche soir, face à Sirigu (PSG), Bafé aurait pu inscrire une ou deux unités supplémentaires à son compteur buts. On dira que l’ambiance très chaude du Parc des princes a refroidit le prince de l’OL.
Reste qu’un dernier élément essentiel permet à l’attaquant de pointe de tenter des coups gagnants : la confiance. Celle qu’il n’avait pas en arrivant entre Rhône et Saône, celle qu’il a dû gagner au terme de combats physiques et mentaux de grande ampleur. Elle lui permet aujourd’hui d’inscrire des buts d’avant-centre très talentueux, tout en finesse et en simplicité. Une nouvelle qualité mentale dont est pourvu Bafé Gomis, et qui devrait, dans les mois qui viennent, révéler tout le potentiel (encore inexploré) d’un Vert devenu rouge et bleu.
La stat : Gomis, renard des surfaces
L’attaquant de l’OL a inscrit 28 de ses 30 derniers buts à l’intérieur de la surface de réparation adverse. Une statistique impressionnante qui montre que le buteur rhodanien, efficace, sait faire la différence dans la zone de vérité.