Hier, un nouvel épisode de cette tragi-comédie s’est ouvert. « Des serruriers sont venus à la demande des Docks Lyonnais », le propriétaire des murs, raconte une salariée. Devant le refus des employés de quitter les lieux, ils sont repartis bredouille. « Ce n’est pas de l’occupation. Nous sommes sur notre lieu de travail », soupire-t-elle. Plus tard dans la journée, un huissier a néanmoins réussi à faire signer aux salariés l’engagement de quitter le cinéma dimanche midi.
D’ici là, la salle sera surtout le théâtre d’une manifestation de soutien, sous le motto « Ne laissons pas le silence prendre place ». Rendez-vous est donné à 9h30 sur la place des Terreaux. Vers midi, les sympathisants sont invités à réinvestir l’Odéon pour une journée de projections qui devrait se prolonger jusque tard dans la nuit. Au programme, quelques pépites du cinéma d’art et essai (a priori, un Godard sera dans le lot) et des films en rapport avec la « lutte au travail ».
Pour l’heure, il n’est pas encore clair de quelle façon se déroulera la rencontre avec la mairie, souhaitée par les employés. « Nous sommes des citoyens et électeurs », s’indigne cette projectionniste, qui souhaite attirer l’attention sur le sort des cinq salariés du cinéma, sans nouvelles de Moravioff, et dont aucun n’a encore été licencié. Mais également sur l’avenir du cinéma d’art et essai en centre-ville. « L’Odéon est la plus ancienne salle de projection de Lyon », insiste un autre employé. D’après lui, elle a accueilli un cabaret, avant d’être transformée en cinéma en 1906. Et de s’insurger : « au même moment où le Grand Lyon fête le patrimoine du cinéma, cette salle, qui en fait partie, disparaît. »