Doté d’une architecture aérienne et futuriste, l’œuvre du cabinet viennois Coop Himmelb(l)au, le futur Musée des Confluences, devra être une sorte de figure de proue du nouveau quartier, pour avoir trouvé sa place sur la pointe entre Rhône et Saône. Dix ans après son lancement, il évoque cependant toujours plus le béton et le gros œuvre que la science et le savoir. Au grand damn de son directeur Michel Côté qui souhaite qu’on arrête de parler travaux pour s’intéresser aux collections qui y seront un jour exposées. Ce n’est toutefois pas pour tout de suite. Le nouveau musée n’ouvrira ses portes qu’en 2014 au mieux. « L’architecture fera l’objet de discussions, mais j’espère bien aussi de visites… », disait Michel Mercier en séance publique du Conseil Général. Il n’est pas le seul.
Toujours est-il que ce chantier, passablement englouti dans le sol boueux du Confluent depuis le retrait de l’entreprise chargée du gros œuvre, a été relancé. Les deux dossiers reçus le 28 août dernier, suite à un nouvel appel d’offres, émanent de Vinci et de Léon Grosse (qui a réalisé la gare de Saint-Exupéry). Ils ont été agréés par le Conseil Général et vont maintenant être décortiqués pendant deux mois par ses services techniques. Leur coût, hors options : 99,45 M€ pour Léon Grosse et 118,98 M€ pour Vinci. « La différence de prix se fait sur la toiture, la charpente, le prix du béton et le coût de la coordination interne », a expliqué Michel Mercier.
Evalué, lors de son lancement en 1999, à 60 M€, le coût de ce projet emblématique ne cesse depuis de s’envoler. Or, à l’heure où 61 M€ ont déjà été déboursés, le musée est encore à ses prémisses. En comptant tous les frais annexes, il faudra encore débourser, au bas mot, 175 M€ supplémentaires. Du coup, le Conseil Général est obligé de vendre des bijoux de famille, comme des actions de la CNR (Compagnie générale du Rhône), ou encore des terrains à Corbas, Ternay ou la Part-Dieu, des villas à Saint-Cyr, une grande propriété à Ecully, ou encore un domaine de plusieurs dizaines d’hectares à Saint-Hilaire du Touvet.
Une fois ses ventes réalisées, le Conseil Général disposera de 176,21 M€ de liquidités. Tout juste de quoi se payer la moins chère des deux offres, celle de Léon Grosse. Et encore seulement la version de base. Exit donc la toiture en acier inoxydable, plus onéreux que l’aluminium initialement prévu. Et exit surtout l’offre de Vinci, 20 M€ plus chère. Il ne reste plus à Michel Mercier qu’à espérer que ses services techniques ne trouveront rien à redire à la proposition de l’entreprise aixoise. Ou alors, il faudra augmenter les impôts, solution, à laquelle l’UMP reste hostile.