« C’est un lien social qui va disparaître », s’énerve Michel Havard, conseiller municipal de Lyon et opposant farouche de Gérard Collomb. Pour 8,20 euros, les personnes âgées de plus de soixante ans peuvent rompre l’isolement et partager un repas complet, allant de l’entrée au dessert, avec vin et café, avec les habitants du quartier. « C’est un lieu de convivialité et de proximité », explique Gérard Frize, président de l’UGFRL, qui met également ses salles à disposition pour des animations, comme la soirée loto le mardi soir après le repas.
Seulement voilà, faute de rentabilité et de moyens, trois de ces foyers vont fermer : celui de St Michel dans le 7ème, de St Jean dans le 5ème et des Terreaux dans le 1er. Une grande déception pour Jacqueline Soubeirat, une habituée depuis 8 ans du foyer de St Jean : « Je suis moins seule. Ça me coupe ma journée. Et puis, le mercredi, c’est club : on joue au scrabble, à la belote ».
« Le montant pour sauver ces foyers est dérisoire », s’étrangle Michel Havard. « Si on est une ville amie des aînés, on fait l’effort de faire deux cocktails en moins ». La Ville finance environ 50% des coûts des foyers, le reste étant pris en charge par l’UGFRL. « On aurait bien aimé continuer, mais on ne peut pas faire du social et du déficit », commente, philosophe, Gérard Frize.
En effet, les établissements qui doivent fermer ne sont pas du tout rentables « Les trois foyers concernés sont des salles très peu fréquentées. On sert en moyenne cinq repas par jour », note le président de l’UGFRL. De quoi laisser un trou de 47 000 euros par an. Car pour qu’un restaurant soit dans les clous, il faut servir entre 25 et 30 repas par jour, ce qui est le cas dans les autres foyers-restaurants.
Les causes de cet désamour ? « Les trois foyers se trouvent hors résidence », explique Gérard Frize. En effet, les autres foyers-restaurants sont tous situés au sein ou à proximité d’une résidence accueillant des personnes âgées, qui s’y rendent souvent ensemble. De plus, l’UGFRL ne bénéficie plus de contrats aidés, subventionnés par l’Etat. L’association doit désormais recourir à l’intérim, très cher, ou aux CDI.
Tout n’est cependant pas perdu. 15 foyers restent ouverts, tandis que dans le Vieux Lyon, le Bistrot St Jean, en face du foyer, ouvre ses portes aux personnes âgées et à leur club, pour perpétuer leur traditionnel rendez-vous.