Comme Denise et Michel Meynet n’ont pas eu d’enfant, ils se sont mis à collectionner des objets. « C’était pour avoir un sujet de discussion », raconte Denise. Ou plutôt une passion à partager. « Le soir, j’ai raconté ma journée, ce qui n’a pas pris beaucoup de temps », sourit Michel, haut fonctionnaire du transport maritime à la retraite. « Et Denise m’a parlé de ce qu’elle a acheté ». En dix ans, ils ont ainsi rassemblé une bonne centaine d’objets africains du quotidien, du bracelet à la jarre, de l’appui-nuque à la calebasse et à l’échelle extérieure. En 2000, ils ont tout donné au Musée des Confluences, qui les expose pour la première fois.
Pourquoi l’artisanat africain ? « C’était totalement un hasard », raconte Denise. « Si on en avait eu les moyens, on aurait acheté de l’art japonais. » Comme ils ne les avaient pas, ils se sont intéressés à des objets moins courus. L’histoire de cette collection commence alors au détour d’une vente, par un lot de bracelets en ivoire acheté par Denise. « Pourquoi tu n’achètes pas des trucs africains ? », lui dit alors son mari. « A l’époque je ne connaissais rien à l’Afrique, ni aux ethnies », se souvient Denise. Qu’à cela ne tienne, cette pharmacienne de formation court les musées et bibliothèques pour se documenter.
« Denise est une fille rangée, méthodique, qui a une mémoire d’éléphant », la décrit son mari. « Elle n’aime pas acheter un truc sans savoir ce que c’est. » Ce n’était cependant pas chose aisée, car si tout le monde s’intéresse aux masques et statuettes africains, très peu de documentation existe sur les objets du quotidien.
Fait curieux, leur terrain de collecte se trouve loin d’Afrique, à Paris. « A chaque fois que j’ai acheté quelque chose en Afrique, je me suis fait rouler », sourit Michel. « Normal, le toubab [l’homme blanc en Afrique, ndlr] est la vache à traire. » Tout ou presque a alors été acquis auprès de marchands et lors d’enchères à Paris.
En 2000, les Meynet se demandent quoi faire de cette collection désormais aboutie. « Revendre les objets sur le marché, cela aurait été détruire tout le travail qu’on a fait avec eux », souligne Denise. N’ayant toujours pas de descendance, ils décident alors d’en faire don au musée. A condition qu’il publie un livre. C’est chose faite : l’ouvrage l’Afrique sans masque (40 euros, 223 pages) est basé sur la documentation rédigée par Denise Meynet.
Se pose la question que faire après. « On a décidé de continuer sur notre lancée », explique Denise Meynet. Après les objets du quotidien, voici des choses décalées. « Des trucs d’aéroport », rigole la collectionneuse. Tout en restant fidèles à l’art africain, ils achètent maintenant tout ce qui est peint, coloré. Toujours des objets qui ont réellement servi, jusqu’à l’affiche de cinéma du Ghana. Un nouveau bouquin est d’ailleurs en cours de rédaction.
Rhône en Scène
L’exposition, après avoir été montrée à Lyon, part en tournée dans le département. Avec deux autres collections (Bizarres ces animaux et Paysage de Sciences), et 15 spectacles vivants, elle fait partie du catalogue que le Conseil général propose aux petites communes dans le Rhône, afin de porter la culture jusqu’à dans les derniers recoins du département. « Les expositions sont modulables et conçues pour être montées et démontées en une journée », explique Carine Serafin, la chargée de communication du Musée des Confluences. Elles sont prêtées gratuitement aux communes qui en font la demande. Quant aux spectacles vivants, le département les subventionne à hauteur de 50 à 80% en fonction de la taille de la commune.