Construites à 30 ans d’intervalle au cours du XIXe siècle et vidées le 3 mai 2009 au profit du centre pénitentiaire de Corbas, les deux prisons du quartier de Perrache étaient vouées à la démolition, l’État souhaitant vendre les terrains pour renflouer ses caisses.
C’était sans compter sur une association d’amoureux du patrimoine qui réussit à convaincre le préfet de l’époque, Jacques Gérault de conserver les bâtisses. Un appel à idées et un appel d’offres plus tard, la proposition de l’université fut retenue.
Le projet a toutefois perdu de sa flamboyance. Les premières esquisses prévoyaient des immeubles biseautés, habillés d’une résille en cuivre. Ils ont laissé la place à des bâtiments beaucoup plus sobres, où le blanc et le verre dominent. « Nous avons adouci notre projet afin de mieux mettre en valeur le patrimoine ancien », explique Jean-Pierre Blondeau, l’architecte en charge du dossier.
Car 50% du plan panoptique de la prison Saint-Paul ont été conservés. Seule une des six branches sera complètement sciée, pour laisser la place à une rue intérieure, recouverte par une vaste verrière. Autour de cet atrium couvert de 2000 m², s’agencent des immeubles modernes abritant les amphithéâtres, le restaurant universitaire et une bibliothèque. Au total 30 000 m² de neuf complètent les 3700 m² préservés des bâtiments anciens.
La rue intérieure se prolonge pour pénétrer dans l’autre prison, sur le site Saint-Joseph. Construit en forme de peigne, celle-ci « a beaucoup vécu, beaucoup souffert », explique Thierry Roche, le coordinateur du projet. Si le site recèle « un véritable trésor caché », il sera toutefois largement remodelé pour accueillir plusieurs constructions neuves, abritant 11 000 m² de bureaux, dont le siège de la Fondation Habitat & Humanisme et un Institut de l’entrepreneuriat social. Mais aussi 90 appartements en accession sociale, 131 habitations intergénérationnelles et 66 logements sociaux.
L’environnement sera également pris en compte. Si les constructions à double peau de l’ébauche originelle ont disparu, les toitures seront toujours végétalisées, et les sites équipés d’une chaufferie bois et d’une thermofrigopompe pour la production de chaleur et de froid.
La Catho devra mettre 65 millions sur la table pour la transformation de la prison Saint-Paul. 25 millions viendront de la vente de son site de Bellecour, 20 millions seront empruntés et le reste autofinancé par l’université. La reconversion du site de Saint-Joseph, elle, coûtera entre 65 et 75 millions d’euros. Le permis de construire a été déposé le 31 octobre dernier et la livraison de l’ensemble est attendue fin 2014.