« La France compte 54 000 médecins, mais si on ne fait rien, il n’y en aura plus que 23 000 en 2025 », averti le Dr Florence Lapica, présidente du syndicat MG69. La pénurie de généralistes ne frappe pas seulement les zones rurales. Des quartiers comme Gerland (7ème) ou Perrache (2ème) sont d’ores et déjà en manque de médecins. « Aujourd’hui, un patient qui change de médecin traitant doit voir 10 cabinets avant de trouver un généraliste qui peut le prendre », poursuit le Dr Lapica.
En une dizaine d’années, dans le secteur de Givors-Grigny, le nombre de médecins généralistes est passé de 25 à 17. A Vaulx-en-Velin, une ville qui compte 40 000 habitants, seulement 27 médecins généralistes sont encore en activité. « A l’échelle locale, nous n’avons pas les moyens d’action pour attirer de jeunes médecins », se désole Sylvie Sanchez, responsable du service promotion de la santé à Vaulx-en-Velin. « C’est à l’État de mieux répartir les généralistes sur le territoire ».
Le syndicat MG France réclame « une revalorisation du statut de médecin généraliste », ainsi qu’un plan d’investissement d’un milliard d’euros au niveau national, pour augmenter, entre autres, les aides à l’installation. Car de nombreux jeunes médecins ne veulent plus s’installer seuls dans un cabinet, et préfèrent aller travailler à l’hôpital. Par conséquent, nombre de départs à la retraite ne sont pas remplacés. Un phénomène qui touche avant tout les zones rurales selon l’Agence régionale de santé (ARS). A 61 ans, le Dr Corthier, qui exerce à Ternand dans le Beaujolais, est directement concerné. Seul médecin de sa commune, il part à la retraite à la fin du mois de juin et n’a toujours trouvé personne pour reprendre son cabinet.
Faire la promotion de la médecine générale
En 2001, Rhône-Alpes comptait 156 médecins pour 1000 habitants, selon les chiffres de l’ARS. En 2009, ils n’étaient plus que 80 pour le même nombre d’habitants. « La situation est tendue au niveau de l’offre de soin », reconnaît l’autorité régionale, refusant toutefois de parler de « désert médical », puisque le phénomène n’est pas généralisé à l’ensemble de la région.
Le Conseil Régional reconnaît qu’« il existe de vrais déséquilibres territoriaux ». Mais il assure mener une politique de soutien. La Région apporte ainsi une aide financière à l’installation dans les zones désertées, si le médecin s’engage à y rester au moins six ans. Elle cherche également à favoriser la création de maisons de santé pluridisciplinaires (médecin, infirmier, kinésithérapeute, dentiste, assistante sociale…).
Pour susciter des vocations et rendre la médecine généraliste plus attractive, l’ARS intervient dans les facultés de médecine, en organisant des séminaires et colloques. Et surtout en proposant un contrat d’engagement de service public. « Nous rémunérons l’étudiant 1200 euros par mois, pendant ses études à condition qu’il s’engage à exercer à un endroit listé comme étant en manque de soin », explique Lilian Brosse, chargé du programme à l’ARS Rhône-Alpes. Une idée sans doute prodigieuse au moment où les maladies sont de plus en plus lourdes à traiter et où le vieillissement de la population amène un besoin croissant.