Ce n’est pas un hasard si Gérard Collomb a inauguré dans le 5ème ses balades urbaines qui doivent le conduire dans chacun des arrondissements. Vendredi 14 février, il ne s’agissait pas uniquement de lancer une déclaration d’amour aux électeurs de la colline qui prie, mais également de sécuriser cet arrondissement qui a le plus de chances de basculer en mars prochain.
Accompagné d’une 30ène de militants socialistes, chèche rose en évidence, et de la presse locale, le maire a passé en revue un certain nombre de chantiers municipaux, comme l’aménagement du quartier de l’Antiquaille, ou pas, comme la rénovation de la basilique de Fourvière. « Le rêve prend forme dans un certain nombre de lieux », s’est émerveillé l’élu en pointant notamment la transformation de l’ancien hôpital de l’Antiquaille, « qui pouvait paraitre utopique ».
Mais c’était surtout l’occasion de présenter aux journalistes le projet de métro E, censé relier le Vieux-Lyon à la gare d’Alaï (Tassin) en passant par Saint-Just, Point-du-Jour et Ménival.
Pour l’occasion, le sénateur-maire a fait venir Bernard Rivalta. Et le président du Sytral (autorité organisatrice des transports en commun à Lyon) s’est aussitôt employé à tirer à boulets rouge sur Michel Havard et son projet de métro entre la gare Saint-Paul et la Part-Dieu. Un projet « lyonno-lyonnais », impossible à réaliser en milieu urbain. « Pour construire un métro, il faut de la place pour stocker le matériel, pour le traitement des boues. Il faut sortir des millions de mètres cube de terre », a-t-il rappelé. Si l’entrée du tunnelier parait en effet plus aisé à Tassin qu’à la Part-Dieu, Bernard Rivalta n’a toutefois pas précisé où il comptait le sortir dans le Vieux-Lyon.
Connecté au périphérique
« Nous construisons un métro uniquement si nous prévoyons 300 000 voyages par jour » (120 000 pour un tram, 50 000 pour un trolleybus, ndlr), a insisté le président du Sytral, ajoutant que, selon lui, la fréquentation ne serait pas suffisante entre Saint-Paul et la Part-Dieu. Pour justifier une telle ligne dans le 5ème arrondissement et ses 46 698 habitants, les socialistes pensent avoir trouvé la solution. Il s’agit de pousser la ligne jusqu’au futur Anneau des sciences (ex-tronçon ouest du périphérique). A l’instar des stations Laurent-Bonnevay, gare de Vénissieux et du futur terminus de la ligne B aux hôpitaux sud (Pierre-Bénite), la ligne E déboucherait alors sur un parc relais, permettant aux automobilistes de laisser leur voiture. Sauf qu’avec une capacité moyenne de moins de 800 places, le compte n’y est toujours pas. L’idée est alors de créer un pôle multimodal et d’arrêter à Tassin un certain nombre de lignes de bus de l’Ouest lyonnais.
Cette nouvelle ligne de métro, si elle devait voir le jour, ne serait toutefois construite qu’à partir de 2020. Car pour la prochaine mandature, le budget d’investissement du Sytral, environ 1 milliard d’euros pour six ans, est d’ores et déjà alloué entre le prolongement de la ligne B (400 millions), le renouvellement du matériel (400 millions) et les autres projets de moindre envergure. L’engagement de campagne de Gérard Collomb ne porte ainsi que sur la réalisation d’études. Pour mieux enterrer le projet ?
Un secteur très mal desservi
Le problème est pourtant bien réel dans le 5ème arrondissement. Une seule ligne dite « forte », la C21, le traverse. Et dans des quartiers résidentiels à l’Ouest du 5ème, il vaut mieux posséder une voiture puisque les deux lignes de bus, le 45 et le 65, s’arrêtent respectivement à 18h30 et 21h.
Michel Havard, pourtant tête de liste de son parti dans l’arrondissement est resté pour l’instant étrangement silencieux sur le sujet. Seuls les Verts ont réagi au projet de métro en réclamant, à la place, une meilleure desserte en bus après 21h et la création d’un couloir en site propre sur la montée de Choulans.