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Après le retour de la Flottille

Gaza : « Les Israéliens avaient peur de nous »

Les Lyonnais militants pro-palestiniens ont tiré samedi dernier un bilan des opérations Un bateau pour Gaza et Bienvenu en Palestine. Ils ont raconté leur rencontre avec les autorités israéliennes, les jours passés en prison, mais aussi le sabotage de deux bateaux et un passage à tabac.

Selon les témoignages concordants des participants aux deux opérations, les autorités israéliennes semblaient parfaitement préparées, disposant même d’une liste de tous les participants français à Bienvenu en Palestine. Toutefois, elles se sont avérées relativement embarrassées face à des militants pacifistes, souvent âgés, qu’elles ne pouvaient traiter de manière musclée.

Moins connue que la Flottille pour Gaza, l’opération Bienvenu en Palestine devait répondre à l’invitation de quinze organisation palestinienne. Le 8 juillet dernier, environ 600 militants dont 342 Français étaient censés prendre l’avion pour se rendre en Israël, où ils devaient aussitôt annoncer ouvertement leur intention de se rendre en Palestine. Une opération militante pour dénoncer le blocus israélien. Censés, car une bonne partie des Français se sont vus refuser l’accès à bord par les compagnies aériennes à qui leur nom avaient été communiqués. Ceci au motif qu’ils « représentaient une menace pour la sécurité d’Israël ».

Ceux qui ont néanmoins pu embarquer étaient quant à eux attendus dès leur descente d’avion. C’est le cas d’Alain, qui a décollé de Saint-Exupéry à destination de Tel-Aviv. Bien que ce soit le premier voyage de ce retraité en Palestine, il a été arrêté dès qu’il s’est présenté à la douane. « Quand nous avons été une soixantaine, ils nous ont parqué dans un camion prison. Nous étions huit dans des cellules de 4m² », raconte-t-il. Au bout de deux heures d’attente, direction un centre de rétention. A nouveau, les militants sont priés d’attendre avant qu’on leur fasse vider leurs sacs et confisque leurs téléphones portables. Lorsqu’enfin, ils sont envoyés dans des cellules définitives, il est 4h du matin. Certains sont à Tel Aviv depuis le début d’après-midi, la doyenne du groupe est âgée de 83 ans.

« Vous avez des discours agressifs »

Durant les cinq jours de rétention, les militants vont alterner entre interrogatoires, négociations et entretiens avec la consule de France. Selon les participants, cette dernière ne trouve pas d’autre conseil à leur donner que de signer un document d’expulsion. Devant leur refus, elle se montre menaçante, qualifiant leurs propos « d’agressifs » et allant même jusqu’à affirmer devant plusieurs témoins qu’elle « représente la France mais pas ce type de Français. » Une attitude qu’elle reproduira devant les participants à la Flottille pour Gaza selon Yamin Makri (photo), passager du Dignité-Al-Karama.

Nadia, l’une de participantes de Bienvenu en Palestine se souvient surtout des « hurlements toutes les nuits. Ils s’arrêtaient dix secondes, puis reprenaient. Toute la nuit. » Quand elle interroge le personnel du centre de rétention sur ces cris, on lui répond qu’ils viennent d’un hôpital psychiatrique. « Mais alors, pourquoi on n’entendait jamais rien la journée ? » se demande la jeune femme. Elle affirme par ailleurs avoir été témoin du passage à tabac d’une jeune militante toulousaine par une dizaine de soldats à l’aéroport.

Alors les militants s’interrogent : « les Français étaient les seuls dont Israël avait les noms. Nous n’avons jamais communiqué la liste des participants à quiconque et pourtant ils savaient qui nous étions. » De là à accuser les services français d’avoir prêté main forte à leur homologues israéliens, il n’y a qu’un pas que certains dans la salle n’ont pas hésité à franchir à demi-mot.

Intimidations et fouilles des chambres

Du côté de la Flottille, les événements se sont également très vite enchaînés. Foued, présent sur le Louise-Michelle, l’un des deux bateaux français, témoigne : « presque dès notre arrivée en Grèce, un bateau a été saboté, l’hélice a été sciée. » Un sabotage bientôt suivi d’un deuxième, puis d’une fouille des chambres d’hôtel. Jusqu’à l’agression : sept militants sont tabassés à la sortie d’un bar athénien par une vingtaine de personnes non identifiées. « Le plus curieux », selon Foued, « c’est que dès le lendemain, alors même que la police grecque ignorait ce qui s’était passé, l’agression était racontée en détail sur le site français de la Ligue de Défense Juive. »

Finalement, le gouvernement grec interdit à la flottille de partir « à la demande de l’ONU », précise Foued. Quelques bateaux tentent alors des sorties mais sont arraisonnés. Les capitaines sont menacés du retrait de leurs licences. Le Louise-Michelle, bloqué, se résout à une levée symbolique du pavillon avant que chacun ne rentre chez soi.

« On n’arrête pas avant qu’ils nous abordent »

Cependant, un navire parvient à échapper au blocus. Le Dignité-Al-Karama, l’autre bateaux français qui ne fait pas officiellement partie de la flottille, passe d’île en île en esquivant les arraisonnements. Profitant de son statut flou, Yamin et quelques autres rejoignent le bateau et partent au large, en direction de l’Égypte. Ils passent la nuit dans les eaux internationales afin d’arriver en plein jour.

Le lendemain, à 30 miles du blocus, le Dignité-Al-Karama entre en contact avec l’armée israélienne. « On a vu surgir trois gros navires de guerre, dont l’un était équipé d’un canon à eau. Ils étaient entourés de neuf zodiacs, » raconte Yamin. Devant le refus du navire à stopper sa route, les Israéliens commencent à asperger le pont à l’aide du canon, avant que les commandos sur les zodiacs ne passent à l’abordage. « Ce qui m’a impressionné, ce sont les regards des commandos à travers leurs cagoules. Ils étaient terrorisés », croit se souvenir Yamin.

Les passagers du Dignité-Al-Karama suivent ensuite le même chemin que leurs compagnons de Bienvenu en Palestine. Après un passage en centre de rétention assorti d’une dizaine de fouilles et de 36 heures d’interrogatoire, ils sont expulsés, direction la France. « J’ai passé le trajet de retour à côté d’un colon israélien, nous avons eu un débat enflammé mais très intéressant », se souvient Yamin.

Photo : © Eve Renaudin

Publié le : mardi 2 août 2011, par Eve Renaudin

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9 commentaires pour cet article


  • Gaza : « Les Israéliens avaient peur de nous » 2 août 2011 à23:31, par Bonne poire

    Bref, tout cela n’a servi à rien d’autre que de donner à penser à quelques illuminés décervelés qu’ils étaient soudain devenus des héros. La diplomatie n’est pas l’affaire d’individus mais des Etats, quoique l’on puisse penser de la légitimité d’un blocus. Je ne saurais trop vous conseiller de faire USA-Cuba lors de votre prochaine petite excursion ; autre destination comique : Chine-Tibet. la Somalie constitue également un excellent terrain de jeux. Pourquoi TOUJOURS Israël ?!!!! Pas certain que vous vous trouviez en revanche aussi bien accueillis que par les Israéliens. Votre naïveté me sidère. Du reste, je ne conçois pas de quelle manière il est aujourd’hui possible de se dire pro-palestiniens quand on voit par quel régime de dangereux tarés il est conduit. Si jamais, la situation de sa population vous affecte (quelle différence entre palestiniens, israéliens et français !), arguez plutôt que votre position est "pro-paix", "pro-état palestinien" à la rigueur. Se dire pro-palestinien laisse entendre que vous avez opté pour un camp et non pour l’autre : seriez-vous donc anti-israéliens ? Ah, les nouveaux antisémites ont une bien lâche rhétorique de nos jours...

  • La diplomatie n’est pas l’affaire d’individus, mais des états nous dit le commentaire de "Bonne poire". Justement l’intérêt de l’initiative "bateau pour Gaza", c’est que la société civile, les citoyens s’appliquent à faire avancer ce que les états devraient faire. Condamné par des résolutions de l’ONU, par l’Europe, le blocus de Gaza est toujours en place depuis 2006 ! Les conventions de Genève sont bafouées et les états signataires n’ont aucune action concrète !

    Comme vous le dites, ils ne sont pas "pro-palestiniens" (comme la presse les qualifie par facilité), mais les personnes qui ont voulu prendre l’avion ou le bateau pour la Palestine se sont engagés pour que le droit international soit respecté.

    Enfin c’est comme un rituel, le commentaire de "Bonne poire" termine par l’argument ultime de l’antisémitisme. On aurait droit d’avoir un point de vue critique sur tous les pays sauf Israël ! Sachez que des associations juives françaises et internationales participaient à cette action !

  • Gaza : « Les Israéliens avaient peur de nous » 3 août 2011 à11:15, par romain blachier

    et sinon pour le Darfour y’a quelqu’un ?

  • Gaza : « Les Israéliens avaient peur de nous » 3 août 2011 à11:30, par gélinotte

    Ah ! Bonne poire nous prend pour des poires...

    Dom69 a raison : nous nous battons pour que le Droit international soit respecté...d’autant qu’Israël se targue d’être la seule démocratie du Proche-Orient. Seule, oui...mais pour ceux de confession juive seulement. Et les autres ? Et les israëliens qui pratiquent le boycott en sont également exclus.
    Pas d’antisémitisme dans tout ça...seulement une demande fondamentale de droit humain...comme de faire commerce librement...de circuler librement...et boycotter avec non-violence librement.
    Un coup de chapeau aux anars, aux refuzniks, aux femmes en noir, à Bethselem, AIC, Taayoush...et tous ceux, là-bas, que j’oublie et que nous aimons et admirons...car tout se complique pour eux...de plus en plus avec des lois scélérates....d’un parlement fasciste et raciste.
    Alors, bonne poire, changez de fruit et de discours sur l’antisémitisme...qui n’est autre aujourdh’hui qu’une parade orale qui tente à nous clouer sur place et même le bec.
    Nous continuerons et que vive le futur état de Palestine.

  • Gaza : « Les Israéliens avaient peur de nous » 3 août 2011 à15:00, par parole de citoyen

    Romain Blachier, je m’attends de toi en terme de commentaire à autre chose qu’à une réponse stéréotypée qui est le propre des propagandistes sionistes sur la toile et si tu n’as rien écrire, il faut mieux s’abstenir que chercher à exister par une présence minable. Ce que tu sembles totalement ignorer, c’est que beaucoup de militants de la cause palestinienne militent aussi pour d’autres causes mais tu préfères pondre ta bouse comme un vulgaire propagandiste sioniste. La cause palestinienne mérite d’être défendue par tous et encore plus par les européens parce que tout ce qui se passe là bas est la conséquence de décisions prises par les européens, il y a quelques dizaines d’années. Les européens d’aujourd’hui n’ont pas à être fiers d’un passé de colonisateurs peu glorieux. Ce n’est pas parce que les états nations se résignent à laisser l’état sioniste à faire du piratage en mer et à imposer un blocus à l’ensemble de la Palestine, nous devons pour autant nous taire et nous écraser. Si tu es si sensible au drame du Darfour hé bien vas y avec tes amis sionistes du parti socialiste et raconte nous comment ça se pasera. On ne peut pas être partout à la fois. Et au plaisir de lire quelque chose de plus intelligent de ta part.

  • Citoyen : révise tes cours d’histoire !
    Israël est né, consécutivement au vote de l’UNESCOP (pas vraiment une assemblée d’européens, haha, à moins que situe l’Australie près de la Corse !!!) et approuvé par l’ONU, en 1948 !!!! Un état arabe avait été envisagé, et le destin tant des palestiniens que des israéliens aurait été tout autre, si cinq de ces pays arabes n’avaient pas proclamé la guerre dès le lendemain de la naissance de cet état.
    Citoyen, tu ne confonds le sionisme originel de celui qui aujourd’hui transgresse la résolution de l’ONU d’antan. Il est urgent de revenir aux frontières de 48 ; mais un discours anti-israélien ne saurait pour autant être acceptable. Du reste, en matière de gouvernement, palestiniens et israéliens ont multiplié de fort mauvais choix depuis des années. Je maintiens toutefois que se déclarer pro-palestinien invite à penser que l’on a fait un choix pour un parti en s’opposant à une autre, et ce dernier, ne relève non du rêve qu’un jour, palestiniens et israéliens puissent vivre en paix (ainsi que français et allemands la connaissent aujourd’hui) mais bel et bien d’un antisémitisme qui ne veut se dire.
    J’espère qu’un état palestinien verra le jour avant la fin de notre décennie et je souhaite longue vie à israël : ces deux espoirs ne sont en aucun cas antinomiques.
    Quoiqu’il en soit, la polémique vaine, la provocation infantile de quelques simples d’esprit français en mal de moulins à combattre brillent tant par leur vacuité que leur stupidité.
    PS : La colonisation juive n’a aucun rapport avec celle des européens ; je doute que ce point sensible soit à ta portée mais mets cette remarque quelque part dans ta petite tête !
    Shalom !

  • Quelles associations juives participaient à cette tempête dans un verre d’eau ?

  • Gaza : « Les Israéliens avaient peur de nous » 4 août 2011 à01:45, par parole de citoyen

    le conflit israélo arabe n’est pas né suite à la déclaration à l’onu dominée encore en 1948 par des puissances coloniales. Et je n’ai pas de leçon d’histoire à recevoir d’un type qui par ses propos fait preuve d’ignorance totale. Se déclarer pro palestinien, c’est avant tout apporter son soutien à un peuple agressé, écrasé ; C’est un choix que je revendique et ressortir à chaque fois le ticket de l’antisémitisme est tout simplement pitoyable. Ce qui se passe en Palestine depuis avant 1900 et de manière accélérée aujourd’hui si ce n’est pas de la colonisation, c’est quoi alors. On dépossède les uns et on invite d’autres à venir occuper des Terres vidées de leur population. Ce sont les mêmes méthodes qui ont eu lieu en Algérie ; intéressez vous au plus près au processus qui a conduit la création de l’état d’israël dans les détails. Tout avait été fait pour que les Palestiniens ne puissent pas mettre l’état en place et les israéliens qui savaient que la guerre allait éclater s’étaient préparés en tout point de vue et les anglais en se sauvant allaient faciliter le travail de nettoyage ethnique entrepris par les israéliens. LA paix aurait été possible en 1948 mais encore fallait il que les Britanniques qui étaient la puissance mandataire n’abandonnent pas les Palestiniens à leur sort.

  • Si j’étais palestinien ou arabe israélien, je changerais les paroles du titre suivant et les chanterai à check-point.
    http://www.youtube.com/watch?v=w9E86xHKop4&feature=related
    C’est marrant, ça marche aussi en France quand on est pauvre, arabe, clodo, rom voire une femme.

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