« Tu crois qu’ils sont venus pour nous ? Des fois qu’on déclenche une émeute », lance en riant une dame à une autre en désignant des policiers en faction. Bien qu’armés de leurs cannes, les locataires de la régie municipale n’ont toutefois rien de révolutionnaires. Et les policiers sont en réalité là pour encadrer un procès d’assises.
Venus montrer leur détermination, les locataires dénoncent, en petits groupes, en plus des augmentations de loyer, la dégradation des logements et les réparations qui se font attendre. Vers 10h, ils se dirigent enfin vers la salle d’audience, non sans avoir laissé quelques représentants à l’entrée du tribunal où ceux-ci déploient une banderole de la Confédération Syndicale des Familles, une association de défense des consommateurs.
A l’intérieur, le groupe de personnes âgées découvre les usages d’un tribunal. Elles passent le portique de sécurité avec plus ou moins de bonheur, vidant leur sac à main au lieu de leurs poches, ou se faisant épingler pour avoir apporté un couteau. « C’est pour couper mon pâté », se défend le vieux Monsieur, visiblement contrarié d’avoir à renoncer à son casse-croûte.
L’audience doit avoir lieu en salle A, tout au bout du bâtiment. Elle devient le théâtre d’un ballet de plusieurs minutes qui voit débarquer les locataires seuls ou en petits groupes, provoquant l’agacement de la juge, obligée de leur demander à plusieurs reprises de rester discrets. Peine perdue puisque de nouveaux arrivants viennent perturber la séance, sitôt les précédents calmés.
Ceux qui ne s’étaient pas vu devant le tribunal se saluent, d’autres semblent perdus et demandent s’ils sont dans la bonne salle, un homme enfin, signale à la présidente qu’il cherche sa femme dont il a été séparé à l’entrée. Il ressort pour revenir avec elle quelques minutes plus tard, non sans saluer de nouveau l’assistance.
Dans cette ambiance dissipée mais bon enfant, la juge s’accorde avec les avocates des deux partis pour une nouvelle date. Ça sera le 4 avril prochain et, en attendant les 21 février et 14 mars pour des audiences concernant d’autres groupes de locataires.