Quatre candidats-testeurs ont répondu à cent annonces de logements Le profil des testeurs était similaire : couple marié, sans enfants, même âge, revenus semblables (au moins à 3 fois le loyer), même type d’emploi et profil du garant, nationalité française. Seuls les nom, prénom et apparence physique ont permis de faire la distinction. Cinquante tests ont été effectués auprès d’une quinzaine d’agences à Villeurbanne et une dizaine à Lyon. Les cinquante autre portaient sur des petites annonces de particuliers.
Le résultat est sans appel. Dans la moitié des cas, les candidats « d’origine maghrébine » ont été désavantagés. Ce taux s’élève même à 90% dans le quartier très prisé des Gratte-ciel (centre-ville). « La discrimination est subtile », analyse Eric Cédiey, chercheur-consultant à ISM-CORUM (Centre d’Observation et de Recherche sur l’Urbain et ses Mutations). « Après la visite du logement, le candidat d’origine française a été rappelé en premier pour compléter son dossier », expose le spécialiste.
Partenaire de cette opération, la Halde réagit. « Le déni des propriétaires reste énorme », souligne Marisa Lai-Puiatti, défenseur des droits en Rhône-Alpes. Or, les clients ne se rendent souvent pas compte qu’ils sont discriminés : seulement 5 % des plaintes visent le logement, sur 4500 réclamations déposés à la Halde en 5 ans. Parfois, ils sont aussi fatalistes : « les gens pensent que le propriétaire a le droit de faire ce qu’il veut avec son logement », explique la déléguée régionale de l’autorité, rappelant que la loi punit la discrimination de 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende. Autre enseignement de l’étude : les agences immobilières, pourtant censées être au fait de la législation, discriminent autant que les particuliers.
Le testing ayant été réalisé à des visées purement pédagogiques, aucune plainte ne sera déposée par la mairie. L’objectif est « d’accompagner les acteurs du logement vers une prise de conscience, de signaler, de responsabiliser et non de les sanctionner », explique Jean-Paul Bret, le maire de Villeurbanne. La lutte contre la discrimination ne s’arrêta toutefois pas là. La ville collaborera avec un groupe d’agences volontaires pour former leur personnel et le sensibiliser à cette question. En 2013, un label verra le jour pour récompenser les bonnes pratiques.