« Le premier incident a eu lieu le 29 novembre dernier, un bloc de béton est tombé dans la salle de pause, pile entre la machine à café et la sortie des toilettes », relate Jean-Christophe, délégué SUD de la FNAC Part-Dieu. Un incident qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques, le morceau de béton pesant 5 kilos. Détaché d’une poutre située à 5m de hauteur, il a traversé le faux plafond, et atterri entre deux employés.
Un deuxième incident du même type s’est produit le 4 mars. Dans l’espace de vente cette fois-ci. « Un morceau de faïence s’est détaché d’un conduit d’aération et est passé à travers le faux plafond, pour tomber juste à côté d’une cliente au rayon télé », poursuit le délégué syndical. Encore une fois, la chance a permis qu’il n’y ait pas eu de blessés. Même si les causes sont différentes, les employés ne peuvent s’empêcher de faire le rapprochement et s’inquiètent. Un vendeur confirme : « ce n’est pas évident de bosser tout en levant constamment la tête pour vérifier que rien ne va nous tomber dessus. »
La Commission d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT), réunie en urgence, a alerté la direction du centre commercial, propriétaire du bâtiment. Le Syndicat de copropriété du centre commercial a alors saisi la Socotec, un cabinet d’expertise en bâtiment. Dans son rapport du 10 décembre, que Lyon Info s’est procuré (voir image ci-dessous), le cabinet attribue la chute du bloc de béton à l’absence de « joint de dilatation » entre deux poutres. Concluant que l’endroit visité ne présentait plus de danger, le plafond a été réparé peu après par la société viennoise Ribière, et la salle de pause rouverte aux salariés. Seul un trou béant dans le faux plafond témoigne encore de l’incident.
Pas de quoi rassurer les salariés, qui mettent en cause la méthodologie. « Ils se sont contentés de regarder d’en bas une poutre située à 5m de hauteur ! Ils n’ont effectué aucun autre test », s’étrangle le délégué SUD. D’autant plus que ces incidents ne semblent pas être des cas isolés. « Nous savons qu’un incident similaire a eu lieu dans au moins un autre magasin du centre », affirment les syndicats. Impossible d’en savoir plus, la direction du magasin concerné aurait menacé ses salariés de licenciement, si jamais ils venaient à s’exprimer sur le sujet. Et la Socotec n’a pas été mandatée pour pousser ses investigations plus loin.
A la mairie de Lyon, où la Commission communale de sécurité a été saisie, on se veut rassurant : « Nous avons téléphoné au centre commercial où on nous a dit que le problème était réglé et qu’il n’y avait pas lieu de donner plus de suite », affirme un responsable. Sollicitée à de nombreuses reprises, la direction de la Part-Dieu n’a pas souhaité nous en dire plus.
Une nonchalance qui n’est pas du goût de la direction du magasin culturel. « Cela fait 3, 4 mois que nous demandons une expertise », s’étrangle Gaëlle Toussaint, du service communication. « Il est temps que le centre commercial se bouge. »
En attendant, à la FNAC chacun poursuit son travail, avec une angoisse supplémentaire. « On en blague entre nous pour détendre l’atmosphère. Quand le comité d’entreprise a fait fabriquer des sacs à dos, nous nous sommes demandés s’il nous faudrait pas plutôt des casques de chantier », ironise un employé.