L’apéritif républicain n’avait finalement d’apéro que le nom. Une seule nappe a été posée par terre, les autres participants préféraient rester debout ou s’assoir sur la bordure du monument. Rares étaient les bouteilles de vin ou canettes de coca décapsulées pour l’occasion. Pas de banderoles non plus. Seuls 2 drapeaux français indiquaient l’orientation de la manifestation. Les tranches d’âges présentes étaient aussi variées que les doléances. En premier lieu desquelles : les Quick halal et la burqa.
Liliane (55 ans) se dit féministe. Elle est venue avec sa fille Charlotte. Sa crainte est qu’on soit « en train de détricoter la laïcité ». « La religion revient en force », prévient-elle. Et surtout la religion musulmane, bien qu’elle pense que « derrière les catholiques s’y engouffrent ». Intarissable sur la question, elle évoque les prières dans la rue, les personnes agressées parce qu’elles ne respectent pas le ramadan, les hommes qui doivent se convertir pour pouvoir épouser une musulmane, et surtout le voile. « Les filles sont brimées, elles sont dans une prison », s’écrie-t-elle. « Le voile, c’est la soumission à l’homme. »
Puis, les fast-food halal ne passent décidément pas. « Je n’irai plus jamais au Quick », affirme-t-elle, catégorique. En cause, les souffrances que, selon elle, les animaux doivent endurer, s’ils sont égorgés selon le rite musulman. « C’est dégoûtant », renchérit sa fille, qui trouve toutefois normal qu’on serve de la viande halal dans un kébab.
Plusieurs associations avaient demandé l’interdiction de la manifestation, qui devait également se tenir à Paris, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg et Aix-en-Provence. En première ligne, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), qui estime que « derrière un nom en apparence beau » se cache « une entreprise autrement plus critiquable, voire odieuse ». Et le mouvement de prévenir : « il faut s’attendre à ce que des extrémistes de droite, des militants fascistes et racistes potentiellement violents participent à ces activités ».
Des craintes balayées par Lucien Samir Oulahbib, l’organisateur du rassemblement lyonnais. « Si on critique Benoît XVI, on n’est pas raciste, si on critique l’Islam si », persifle ce professeur de Sciences Po Lyon. Quant à la faible participation, il s’efforce de faire contre mauvaise fortune bon cœur : « ça aurait pu être pire. » D’après lui, les demandes d’annulation auraient découragés certains.
Luce, lycéenne est venue discuter avec des gens qu’elle « ne connaissait absolument pas ». Sur ses pancartes, on peut lire : « Nous sommes riches de nos étrangers » et « Changer la politique pas la population ». Elle n’est pas tombée sur les plus faciles. Face à elle, deux jeunes hommes aux cheveux courts. Dans leur discours, il est question d’« ethnie » qu’il ne faut pas mélanger, de « Français de souche » qu’il faut protéger, et de « misère du monde » que la France ne peut accueillir. « J’ai 72 ans », renchérit une dame à côté. « J’ai une retraite de misère. Je suis Française et je ne touche pas ce que les étrangers reçoivent. Les vieux crèvent de faim dans ce pays. » « Ce débat ne sert à rien », tranche l’un des jeunes hommes. « Ici c’est une manif, je ne sais pas ce que vous faites là. »
Luce se dit « surprise » et « déçue ». « Ils ont des idées très tranchées », déplore la lycéenne. Elle dit être « soulagée qu’il y ait si peu de monde. »