« Ce procès, c’est pour que d’autres travailleurs ne subissent pas les mêmes supplices », a lancé Maitre Rinck, avocat de la famille de Franscico Serrano. Il a cité les travaux réalisés par des chercheurs indépendants sur la dangerosité du produit que des milliers d’ouvriers manipulent quotidiennement. Ces études pointent notamment l’ignorance qui touche près de 90% des composants du bitume, due aux secrets de fabrication. Car en dehors du pétrole, de nombreux additifs y sont présents. Nommés H.A.P. pour hydrocarbures aromatiques polycycliques, ces additifs servent a fluidifier le bitume. Or, les H.A.P. contiennent de nombreux produits cancérigènes, notamment le Benzopyrène. Qui se répandent dans l’air, une fois le bitume chauffé à 150 °C, a expliqué Maitre Rinck.
Pour Eurovia la mort de Franscisco Serrano est due à une trop longue exposition au soleil, qu’elle soit dû ou non à son travail à Eurovia. Un argument qui a fait rire jaune Fréderic Mau, délégué syndical central d’Eurovia Bretagne : « oui, il a dû mourir parce qu’il est trop allé en vacances... ». « La famille Serrano mène un combat pour toutes les victimes du bitume », poursuite le syndicaliste. « Beaucoup de salariés ne faisait pas le lien entre la maladie et la profession, les médecins non plus, alors qu’il y a plus de mort dans la construction des routes que dans l’armée, la police et les pompiers réunis ! ». Et de dénoncer « une rentabilité qui prime sur l’humain ». Vinci, la maison mère d’Eurovia a dégagé un bénéfice de 35 milliards d’euro en 2010, s’est plu à rappeler l’avocat de la famille Serrano.
La confirmation du jugement de première instance par la cour d’appel, pourrait provoquer une avalanche de procès, comme cela a été le cas pour l’amiante. La délibération sera rendue le 11 mai prochain.