Auteur, adaptateur, metteur en scène, comédien, Philippe Faure, né à Lyon en 1952, était un homme de théâtre, malgré quelques incursions dans le cinéma, où il joua notamment le mari de Josiane Balasko dans Trop belle pour toi de Bertrand Blier (1989) et tourna aux côtés de Jean-Hugues Anglade et Nastassja Kinski dans Maladie d’amour (1987).
Mais c’est surtout en tant que directeur du Théâtre de la Croix-Rousse qu’il marqua les esprits lyonnais. En 1994, alors que le départ de la Maison de la danse avait laissé vacant l’ancienne salle des fêtes de la Croix-Rousse, il proposa au maire de l’époque, Michel Noir, d’y installer un théâtre. « Je voulais créer un lieu éminemment populaire, fait pour des gens modestes. Pas comme l’Opéra ou les Célestins qui sont pour les bourgeois de Lyon », nous avait-il confié en 2008. « Une maison du peuple », comme à ses origines. « Maison du peuple », c’est d’ailleurs l’expression qu’il a repris en 2010, à l’occasion de la présentation de la nouvelle saison. « Les maisons du peuple, c’étaient des lieux où les gens luttaient pour des droits sociaux et syndicaux », avait-il alors expliqué au trimestriel Coup de grâce.
Passionné, Philippe Faure ne craignait pas la polémique. Comme en 2008, lorsqu’il décida d’autolabelliser son théâtre Scène nationale, las d’attendre une reconnaissance qu’il n’aura finalement jamais eue. Reste que le Théâtre de la Croix-Rousse est un immense succès populaire, avec quelque 10 000 abonnements vendus par an. La nouvelle saison connaîtra d’ailleurs une révolution, le nombre de pièces passant de 29 à 10. En échange, le nombre de représentations par spectacle augmente. « Lorsqu’on choisit d’inviter des spectacles, c’est qu’on estime qu’ils sont excellents, alors il faut qu’ils soient montrés au plus grand nombre », avait-il expliqué.
Dans un communiqué diffusé dimanche soir, Gérard Collomb salue « un personnage hors du commun. Par son enthousiasme, par sa démesure, il savait nous emmener dans ses rêves. Ses rêves, ils étaient tout entier animés par sa passion du théâtre. Acteur hors pair, il vivait véritablement ses personnages. Metteur en scène talentueux, il aimait un théâtre populaire, parlait de la vie, de nos sentiments, de nos émotions. »
Sa dernière création était intitulée Maman j’ai peur dans le noir.