Un jour, le facteur lui apporte son visa pour les États-Unis, qu’elle avait demandé un jour, et oublié depuis. Rêvant d’une vie meilleure, elle embarque son fils et part rejoindre sa sœur, installée depuis 15 ans, avec son médecin de mari et ses trois filles, au fin fond de l’Illinois.
Mais voilà, la vie rêvée s’annonce beaucoup moins rose que prévu. La recherche d’un boulot prend des allures de parcours du combattant. Puis, Mouna et son fils doivent affronter l’hostilité envers les arabes, dans cette Amérique, qui a perdu ses Twin Towers et vient d’envahir l’Irak. Un pays en plein délire sécuritaire, où une bagarre entre ados tourne à l’attaque terroriste, aux yeux de la police locale.
Cherien Dabis, jeune réalisatrice de 33 ans, nous livre ici le récit d’une mère courage, candide et généreuse, combattive et éternellement optimiste. Entourée d’une brochette d’acteurs, peu connus en France pour la plupart, mais confirmés dans leurs pays respectifs, elle signe ici son premier long métrage. Un film au ton juste, empli d’espoir et de lumière, largement inspiré de sa propre vie.
D’origine palestino-jordanienne, Cherien Dabis est née aux Etats-Unis à Celina, un bled de 10 000 âmes, dans l’état de l’Ohio. « C’est Salma qui me ressemble le plus », avoue-t-elle. Dans le film, Salma, ado indépendante et un brin rebelle, est l’aînée des trois nièces américaines de Mouna. Comme Salma, la réalisatrice a vu en 1997 sa tante débarquer, employée de banque comme Mouna, et a connu les difficultés qu’elle éprouvait à faire son trou en Amérique. Dans le film, le père de Salma, médecin de son état, voit ses patients américains partir un par un, exactement ce qui est arrivé au propre père de Cherien Dabis.
Cherien Dabis était un temps tentée par la politique, « pour changer le monde », confie-t-elle. Elle choisit finalement le cinéma, plus adapté, selon elle, pour faire connaître le sort des arabes aux États-Unis et ailleurs.
Ce premier film, ovationné à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, y a remporté le prix de la critique internationale. Il devra bientôt être suivi d’un second, racontant l’histoire d’une jeune palestino-américaine, qui part un été en Jordanie. Tout comme Cherien Dabis qui, enfant, passait ses vacances estivales dans ce pays-là. Le tournage est prévu pour 2010 et la sortie en 2011.
Amerrika
– Film canadien, kowetien, américain
– Réalisé par Cherien Dabis
– Avec Nisreen Faour, Hiam Abbass, Melkar Muallem
– Durée : 1h 32min
– Sortie : 17 Juin 2009
– Titre original : Amreeka
– Site officiel : www.amerrika-lefilm.com