« La clientèle est invitée instamment à laisser lessiveuses et seilles dans le plus grand état de propreté après usage », clame une pancarte accrochée au robinet du bassin d’essorage. Construit en 1934, le lavoir public des Pentes n’a pas bougé une oreille. Au milieu trônent toujours deux grands bassins blancs. Au mur, une rangée de silos d’eau chaude, alimentés par autant de robinets. La demie journée de lavoir coûtait un euro, le cuvier 80 cents et l’essoreuse 20 de moins.
« Ce sera un lieu de brassage et de mixité », s’enthousiasme Olivier Rey, metteur en scène de la compagnie Théarte et nouveau maître des lieux. Pour cela, le plus grand des bassins sera recouvert d’une scène amovible, et des bancs (49 places) disposés, soit d’un côté, soit de l’autre, soit tout autour. Tout est modulable et adaptable. « On peut imaginer que les acteurs jouent dans les bassins », s’amuse Olivier.
Après avoir secondé Michel Raskine au Théâtre du Point du Jour, le jeune metteur en scène écume depuis deux ans les pentes de la Croix-Rousse avec sa pièce Pressing, un talk-show militant autour de thèmes d’actualité (retraites, pouvoir d’achat etc), joué... dans des laveries. « Pour profiter du temps de cerveau disponible » des personnes qui attendent leur linge, explique Olivier Rey.
A la recherche d’un lieu plus adapté pour accueillir son spectacle, il croise Nawel Bab Hamed, jeune adjointe communiste à la culture dans le 1er et candidate aux dernières cantonales, à qui il donne un coup de main pour la campagne. Puis, Marc Uhry, le responsable local de la Fondation Abbé Pierre.
Les deux en parlent à Nathalie Perrin-Gilbert. Ravie de « pouvoir redonner une seconde vie à ce bâtiment emblématique des Pentes », la maire d’arrondissement souhaite en faire « un laboratoire au cœur de la ville ». Un lieu d’expérimentation culturelle mais également un exemple de récupération d’un patrimoine à l’abandon. Exemple, dont elle souhaite qu’il fasse école.
Les idées ne lui manquent pas : installer l’école de cirque de Ménival dans l’ancienne école des Beaux-arts, rouvrir l’église Saint Bernard, réinvestir le musée Guimet... « Il faut planter des graines pour avoir des projets de demain », résume l’élue. « Cela ne coûte pas forcément cher. » 10 000 euros pour mettre l’ancien lavoir aux normes de sécurité.
Quatre jours de fête pour l’ouverture
L’ouverture officielle du lavoir, transformé en club théâtre, aura lieu le 2 février. Pendant quatre jours, saynètes, visites, soirées et tea dance queer hétéro friendly se succéderont pour inaugurer les lieux. Originalité : samedi soir, Nathalie Perrin-Gilbert montera dans le bassin pour le lancement des interviews du lavoir, une série d’entrevues qui se veut impertinente.
Puis, pendant 365 jours, soit la durée du bail précaire signé mercredi, le lieu s’ouvrira à une programmation variée et hétéroclite : théâtre, performance, stand-up, arts numériques, zapping du net, loto. Mais aussi des initiations à l’informatique et l’accueil du festival de film gay Écrans mixtes.
Info : 4 impasse de Flesselles, Lyon 1er. Tarifs : adhésion : 2 €, soirées théâtre : 8 €, soirées club : PAF libre.
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