L’école maternelle et une partie de l’école élémentaire Léo Lagrange de Vénissieux, avaient fermé leurs portes toute la journée, pour venir soutenir Roger N’Zembele et sa famille, et ceci malgré les pressions dont les enseignants disent avoir été victimes. « On a reçu des mails, des sms et des coups de téléphone pour nous dire d’aller à l’école plutôt qu’au tribunal », témoigne Bénédicte Bettinger, institutrice à l’école maternelle Léo Lagrange. Selon elle, la police aurait trouvé que le motif des enseignants grévistes était « non recevable ». Mais « leurs menaces étaient un peu vagues », poursuit-elle, peu convaincue qu’elles seraient suivies d’effet.
Des militants de l’association Réseau Éducation Sans Frontière (RESF) les ont accompagnés. « Roger N’Zembele n’est pas un criminel et on ne peut pas le laisser se faire traiter comme tel », clame Pascale Delorme, une bénévole de RESF, félicitant « les enseignants qui sont vénus ce matin ». « Les gens se réveillent et se mobilisent », s’est-elle réjouie.
Le rapporteur public, représentant la République, a rappelé que Roger N’Zembele est arrivé en France il y a 10 ans à l’âge de 34 ans, laissant des enfants de deux mères différentes au Congo. « Roger n’a jamais vécu avec eux mais il a fait des recherches pour les retrouver. Une association humanitaire lui a répondu que les enfants ont quitté ce pays », lui a répondu l’avocate de Roger, Maître Debbache, concluant qu’« il n’a donc plus aucune attache dans son pays d’origine. »
Des enfants, Roger N’Zembele en a trois en France « dont l’aîné n’est pas de lui », a rappelé Me Debbache. « Roger N’Zembele est un père de famille exemplaire, qui s’occupe de ses trois enfants », a-t-elle précisé, de nombreuses attestations (école, crèche…) à l’appui. Lors de sa détention, « les comportements des enfants ont changé, la plus jeune, Fendy, qui avant ne pleurait jamais, le faisait tout le temps, réclamant son père, et Doudou avait du mal a se concentrer en classe », a souligné l’avocate.
Des explications qui ont amené le rapporteur public à juger « qu’il fallait annuler la décision de refus de régularisation », dans l’intérêt des enfants. Une conclusion qui a fait la joie de la famille et de ses proches. Le jugement a été mis en délibéré dans un mois.
« Satisfaite », Christine Sanhaji, une autre bénévole de RESF, conseille néanmoins aux militants « de rester mobilisés et de protéger Roger pendant un mois », tant que l’Obligation de quitter le territoire (OQTF) n’est pas annulée. Après avoir remercié « les gens qui [le] soutiennent », Roger N’Zembele a promis de « continuer à être prudent », affirmant que le principal était que « l’ambiance soit revenue à la maison. Il y a beaucoup d’affection. J’ai toujours ma fille dans les bras, elle me fait plein de bisous ».