Cantonales : analyse du premier tour

L’UMP prend l’eau, le PS s’accroche aux branches

Le bateau UMP a pris l’eau de toutes parts, mais les canots de sauvetage ont l’air de fonctionner. Privée de deuxième tour dans près de la moitié des communes, la majorité départementale semble néanmoins en mesure de sauver l’essentiel : sa courte majorité au Conseil général.

Comment perdre dans les grandes largeurs et conserver l’essentiel ? Les résultats calamiteux de la droite au niveau national n’étaient pas bien meilleurs dans le Rhône. En France, l’UMP plafonne à 16,94% des voix, tandis que le FN fait une percée à 15,06% (19,2% si on ne compte que les cantons où il était présent), et le Parti socialiste caracole en tête avec 24,94%. La claque a été cinglante pour le parti présidentiel. Dans le Rhône, la majorité départementale se voit privée de deuxième tour dans 12 cantons (contre 3 en 2004). Et pourtant, elle conservera sans doute la présidence du Conseil général. La raison ? Le Grand stade et la poussée du FN qui ont fait tomber le canton de Meyzieu dans son escarcelle.

Lyon VIII

A gauche, on fait mine d’y croire encore. « Tout espoir n’est pas perdu », répètent ses ténors à l’envie depuis dimanche soir. « Vaugneray, l’Arbresle, ce n’est pas fini », veut croire Thierry Philip, candidat dans le VIIIe canton. Le maire du 3ème reste encore le mieux placé pour grappiller un siège. « Logiquement il devrait gagner », analyse Gérard Collomb faisant remarquer que le « recul de Lionel Lassagne était extrêmement net. » Le sortant UMP passe en effet de 43,33% en 2004 à 32,2% en 2011. Ce qui le fait toutefois arriver en tête, Thierry Philip n’ayant réuni que 29,2% des voix. En y additionnant celles d’Europe Écologie (11,86%) et du Front de gauche (5,48%), cela fait 46,54%. Il manque donc un bon 4% pour gagner. Largement jouable, selon le candidat socialiste. « Sauf si 100% des voix du FN se reportent sur Lionel Lassagne, ce qui est peu probable. »

En face, on ne voit pas les choses de la même manière. « Les voix n’appartiennent pas au FN », fait remarquer Lionel Lassagne qui se dit « content de faire le match en tête ». Le candidat UMP « compte également sur ceux qui ne se sont pas exprimés » dimanche dernier. Avant de lancer à l’égard de son adversaire : « Je suis aidé par un candidat multicumulard qui n’est pas en situation de succès dans son arrondissement. »

L’Arbresle

Autre espoir du Parti socialiste qui s’accroche à ce qu’il peut : l’Arbresle. Ici le conseiller centriste sortant François Baraduc a perdu 5 points passant de 44,56% à 39,25%. Ce recul ne profite toutefois pas à son challenger socialiste, le maire de la commune Pierre-Jean Zannetacci. Avec 24,76% il réalise quasiment le même score qu’Arlette Perraud en 2004 (24,61%). L’ensemble de la gauche progresse cependant légèrement, et passe de 41,13% à 43,51%. Pas assez pour enlever ce canton.

Vaugneray

Ce n’est pas mieux à Vaugneray où la candidature du maire divers droite de la commune Daniel Jullien (16,82%) a troublé les résultats. Le sortant Georges Barriol ne fait ainsi qu’un petit 30,19%, près de 20 points de moins qu’en 2004 (49,97%). La surprise vient du Vert Jean-Charles Kohlhaas, qui devance avec ses 17,82% la socialiste Florence Perrin (16,40%). Et voilà que le conseiller régional écologiste se voit pousser des ailes. Soutenu par la remplaçante de Daniel Jullien, Catherine Billiard, qui « apprécie les idées et la qualité de la candidature de Jean-Charles Kohlhaas », le Vert compte mettre les bouchées doubles et organise une grande fête jeudi soir à Brindas en présence de Philippe Meirieu et Michèle Rivasi, tandis que Cécile Duflot viendra visiter une ferme bio dans l’après-midi. Compte tenu des rapports droite-gauche dans ce canton rural, il est toutefois peu probable que cela suffise pour remporter.

Saint-Priest

Mais la gauche peu perdre plus que juste Meyzieu. A Saint-Priest, le PS (26,17%) est devancé par le Front national (32,30%). C’est d’ailleurs le seul canton où le parti d’extrême droite arrive en tête. Vues les réserves de voix à gauche, Évelyne Fontaine devrait toutefois passer.

Saint-Laurent-de-Chamousset

Le match est plus serré à Saint-Laurent-de-Chamousset où le sortant Bernard Chaverot est en réelle difficulté. Avec 37,28%, il arrive certes largement en tête, et améliore son score de près de 4 points depuis 2004 (33,06%), mais son adversaire divers droite Lucien Vial (30,32%), peut espérer le report des voix de l’autre candidat divers droite Bruno Chazallet (10,98%) et lorgne celles du FN Maxime Chaussat (11,18%).

Les guerres fratricides

Si l’UMP a évité un psychodrame dans le VIIe canton, où l’ancienne maire du 6ème Dominique Nachury n’aura pas de difficultés à défendre son siège contre le PS Walter Graci, le duel droite-droite a bien lieu dans le VIe canton entre le maire de l’arrondissement Jean-Jacques David, dit « le traitre » et le sortant UMP Dominique Perben, dit « Perbien », depuis sa cuisante défaite aux dernières municipales. Le match a complètement tourné à l’avantage du second qui, avec 32,94% devance son adversaire (23,89%) de près de 9 points. C’est la gauche qui arbitre ce match. Ou plutôt pas, puisque Cécile Michaux, candidate socialiste malheureuse, estime qu’« il n’y a rien d’autre à faire que de voter blanc. » Ou partir à la pêche.

La gauche connait aussi ses drames. Ils sont au nombre de 3 : Villeurbanne centre, Croix-Rousse et Lyon XII. A chaque fois, le candidat PS est arrivé largement en tête. Mais les écologistes se sont maintenus et espèrent un bon report des voix du Front de gauche. Puis, la droite peut être tentée de jouer les troubles fêtes.

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Publié le : mardi 22 mars 2011, par Michael Augustin