Dès 20h30, Jean-François Copé avait donné le ton : pas d’alliance avec le Front national, pas de front républicain. Une neutralité en trompe-l’œil, qui renvoyait PS et FN dos à dos, laissant le choix aux électeurs UMP d’apporter ou non leur soutien au parti d’extrême droite. Une position fidèlement répétée à longueur de soirée par tous les ténors du parti présidentiel. « Nous n’avons pas de consigne de vote à donner, là où nous ne sommes pas au second tour », a martelé le député du Rhône Philippe Meunier. « Je n’habite pas Saint-Priest », s’est défaussé le maire de Meyzieu Michel Forissier, interrogé sur le canton où le FN est arrivé en tête. « L’électeur n’appartient à personne », a renchéri Yann Compan, secrétaire général adjoint de la fédération du Rhône.
Position diamétralement opposée à gauche où les voix se multiplient pour faire barrage au Front national. « Je trouve choquant que Michel Mercier n’appelle pas à voter pour le candidat républicain », a maugréé Gérard Collomb. « La droite n’évolue pas dans le bon sens. » Avant d’ajouter, un brin perfide : « Il ne faudra pas que de glissement en glissement, Michel Mercier se retrouve dans un gouvernement avec Marine Le Pen. »
« Aucune voix ne doit se porter sur le Front national, l’arc républicain est une réalité démocratique qu’il faut défendre », a insisté la conseillère municipale du 1er arrondissement lyonnais, Fabienne Lévy dans un communiqué. La secrétaire nationale du parti radical valoisien s’est par ailleurs déclarée « fière » d’appartenir au parti de Jean-Louis Borloo.
Au Front national, le bon résultat a logiquement ravi plus qu’un. « Les gens commencent à se rendre compte que le FN n’est pas un monstre assoiffé de sang », a commenté le secrétaire départemental du parti Christophe Boudot, par ailleurs en lice à Meyzieu contre Michel Forissier. Même son de cloche chez Bruno Gollnisch. « Le président de la République s’inquiète de la bonne représentation de tous les partis en Côte d’ivoire mais pas à Meyzieu » s’indigne l’ancien candidat à la présidence du parti, qui juge « anormal » que le FN ne soit représenté dans aucun conseil général.
S’ils sont élus les conseillers frontistes feraient office d’« arbitre », assure Bruno Gollnisch, et voteraient les dossiers au cas par cas. « Quand il y a des élus du Front national, les dilapidations d’argent public ne se font pas », assure-t-il, promettant de saisir « l’opinion public » le cas échéant.
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