LDD et EELV créent la surprise

Lyon : du nouveau à l’Est

Quatre cantons lyonnais et villeurbannais ont changé de main dimanche soir. Trois étaient le théâtre d’affrontements droite-droite ou gauche-gauche, le quatrième a connu un match classique PS-UMP. Quatre scenarii bien différents les uns des autres, qui auront toutefois un point commun : compliquer davantage la situation au Conseil général.

Qui voulait la peau de Dominique Perben ?

Avec 9 points d’avance au premier tour sur son challenger de Lyon Divers Droite, la réélection du premier vice-président et ancien candidat à la mairie de Lyon semblait acquise. L’avance n’aura pas suffi, Dominique Perben a été battu à plate couture par Jean-Jacques David. Au quartier général du Front national l’annonce de la défaite a été accueilli par des applaudissements. « On a tout fait pour que Jean-Jacques David soit élu » a commenté Bruno Gollnisch. « Dans un second tour, vous faites perdre celui que vous voulez le moins voir élu. Ce soir, le cadavre de l’ennemi sent bon ». Alors, le maire du 6ème élu grâce au FN ? Mais pas du tout, à l’en croire Denis Broliquier, chef de file de Lyon Divers Droite : « les voix viennent de partout. Aucun parti n’a donné de consigne de vote ». Selon lui, c’est « le candidat de proximité, au service des habitants », qui a gagné. Pour Jean-Jacques David, l’équation est encore plus simple : « entre le Parisien et le Lyonnais, les électeurs ont choisi le Lyonnais. »

Thierry Philip savoure

« Je dis bon débarras ! », a commenté Thierry Philip l’éviction de Dominique Perben, mais aussi celle de Lionel Lassagne, qu’il venait de battre dans le VIIIe canton. C’est que le maire du 3ème a la rancune familiale tenace. Il reproche à l’ancien ministre de la justice d’avoir évincé son frère Christian de sa circonscription aux législatives de 2007. Il n’est pas plus tendre avec son adversaire du jour : « Lionel Lassagne doit toute sa carrière à Christian Philip. Cela ne l’a pas empêché de le trahir. » « Voilà pour la partie familiale », conclut-il avant de se déclarer « heureux » de sa victoire, « gagnée avec le soutien d’Europe Écologie, du Front de Gauche, des radicaux et d’autres ».

Les Verts exultent

Si les Verts ont contribué à la victoire de Thierry Philip, ils ont aussi précipité la chute de Richard Llung et Dominique Bolliet. Acclamées en héroïnes à la préfecture, les deux nouvelles élues EELV ont exulté. « Maintenant nous sommes trois, certes ce n’est pas énorme, mais c’est un groupe. On a passé la semaine à nous dire que l’on était pas légitime, maintenant notre voix va compter au conseil général », s’est félicitée Raymonde Poncet, victorieuse à la Croix-Rousse. Quant à Béatrice Vessiller, élue à Villeurbanne centre, elle s’est écriée : « les Villeurbannais ont besoin d’écologie et les Rhodaniens aussi ». Puis, Philippe Meirieu s’est réjoui qu’il y ait « deux femmes supplémentaires au Conseil général. C’est bien de féminiser. » Même Jean-Charles Kohlhaas était aux anges. Pourtant battu à Vaugneray, il a déclaré : « je pensais faire 40%, alors que je suis à 48%. »

Du côté des socialistes, l’heure était à la réconciliation avec les Verts, à grands coups de bise, câlin et photo de famille. Après avoir passé une semaine à fustiger le choix des écologistes de se maintenir, le PS a préféré passer l’éponge. Ce n’était plus guère qu’à Villeurbanne qu’on avait le ressentiment tenace. « La droite et l’extrême-droite ont tranché. C’est avec leurs voix que la candidate Europe Ecologie les Verts est élue ce soir au conseil général », a déclaré Richard Llung, battu à Villeurbanne. « Sa victoire est une défaite pour la gauche, elle hypothèque le rassemblement pour les prochaines échéances électorales. » Même son de cloche chez Jean-Paul Bret, maire de la ville : « Il est clair que la droite s’est posée en arbitre de cette élection, certains de ses responsables affichant ouvertement leur préférence », a-t-il réagi, cité par 20 Minutes.

Publié le : mardi 29 mars 2011, par Michael Augustin