Grève TCL

Quelle suite donner au mouvement ?

Plusieurs centaines de grévistes (230 d’après la police) se sont rassemblés ce matin au dépôt de bus de le Soie pour déterminer la suite de la grève. Après une heure de débats animés, il fut décidé... de ne rien décider.

L’assemblée se tenait dans un contexte particulièrement électrique, depuis l’incendie qui avait ravagé la veille le dépôt de Perrache (29 bus détruits, 12 millions d’euros de dommages), et les déclarations de la direction, du maire et du président du Sytral, appelant unanimement à la fin du mouvement. « Il y en a marre qu’il y en a qui montent les usagers contre les agents TCL », peste un syndicaliste. Et d’interpeller la presse : « Dites à vos lecteurs, que samedi, lors du match de l’OL, il y avait des bus jusqu’à minuit. » C’est chose faite. « Nous ne sommes pas contre les usagers ! » s’écrient-ils.

En toile de fond, un lent essoufflement du conflit, avec 882 conducteurs en grève, soit un tiers de l’effectif, contre le double jeudi dernier. Le dépôt de Vaise serait ainsi favorable à une reprise du travail dès lundi. Celui des Pins (Montchat), jadis l’un des plus chauds, tourne déjà à 90%. Les voix réclamant d’autres actions se sont alors fait entendre. Le spectre d’une nouvelle grève lors du 8 décembre et des week-ends de Noël se précise. En tout cas, l’idée a été fortement applaudie ce matin.

« J’ai eu peur »

L’ambiance était d’autant plus échaudée qu’un syndicaliste SUD TCL avait été amené la veille, de façon musclée au commissariat pour interrogatoire, suite à l’incendie du dépôt de Perrache. D’après son récit, cinq voitures de police sont venues le chercher à 9h, alors qu’il faisait partie d’un piquet de grève au dépôt d’Audibert Lavirotte dans le 8ème arrondissement, auquel il est affecté. 15 policiers, vêtus de gilets pare-balles l’ont alors conduit au commissariat Berliet. « On aurait dit qu’ils arrêtaient Mesrine », commente un collègue, témoin de la scène. « S’ils m’avaient simplement convoqué, je serais venu », affirme le syndicaliste. « Je n’ai rien à me reprocher ». Pourquoi lui, alors qu’il ne travaille même pas au dépôt incendié ? « Ils veulent nous mettre à genou », estime le conducteur. Et « parce que je leur rentre dedans. » Avant de reconnaître : « oui, j’ai eu peur. »

"Montre ta paie, Collomb"

La déclaration du maire de Lyon, faite la veille sur le niveau de salaire supposé des conducteurs, étaient dans tous les esprits. Des « Montre ta paie, Collomb »* fusaient alors. Plusieurs agents brandissaient leurs bulletins de salaire (voir photo). Leurs revenus tournent autour de 1300 euros net par mois, supplément de nuit et primes compris, ce qui correspond à la rémunération d’un conducteur débutant. Très loin des 1800 à 2000 euros net, avancés la veille par le maire de Lyon.

La suite du mouvement se décidera demain matin lors d’une assemblée générale au dépôt des Pins où les grévistes de la Soie souhaitent convaincre leur collègues non-grévistes de se joindre au mouvement.

* D’après le site du mensuel Capital Gérard Collomb, en cumulant des revenus de maire, président du Grand Lyon et sénateur, émarge à 9 730 euros brut, soit le maximum autorisé.

Publié le : jeudi 1er octobre 2009, par Michael Augustin