A l’issue du débat public

Périph’ : le bouclage avance, les incertitudes persistent

Le tronçon ouest du périphérique (TOP), permettant de boucler la rocade lyonnaise, a passé une étape. La Commission nationale du débat public, a rendu son rapport. Il fait état des divergences que suscite le projet.

15 réunions ont eu lieu en espace de cinq mois, réunissant quelque 3800 participants. Le site Internet dédié à l’opération a, lui, été consulté 25 000 fois. « Il y a eu beaucoup de monde », s’est félicité Michel Mercier, vice-président du Conseil général et co-initiateur du TOP. Les débats se sont déroulés de façon « sereine, argumentée », a ajouté Philippe Marzolf qui les a dirigés.

Passage obligatoire pour tout chantier de plus de 300 millions d’euros, la Commission nationale du débat public (CNDP) n’a toutefois pas pour mission de juger l’opportunité du projet. « Ce n’est ni un sondage, ni un référendum », a précisé Christian Leyrit, son président. Son rôle consiste simplement à permettre au grand public, comme aux associations de s’exprimer. Sans surprise, son rapport ne fait donc qu’acter les différentes positions évoquées.

Bouclage ou transports en commun ?

« Tout le monde est d’accord pour développer les transports en commun », a résumé Philippe Marzolf. Mais pas de la même manière. Grand Lyon et Conseil général souhaitent les développer en plus du bouclage. « Un certains nombre de bus passeront dessus », a précisé Gérard Collomb, qui mise aussi sur des parcs relais construits à proximité des échangeurs.

Les élus Verts de la Ville et du Grand Lyon, ainsi que de nombreuses associations souhaitent, eux, substituer au TOP un développement massif des TER et transports urbains. Ils ont reçu le soutien du cabinet allemand Transport Technologie-Consult Karlsruhe (TTK). Ce cabinet d’urbanistes a été sollicité par la CNDP qui jugeait justement insuffisantes les projections du Grand Lyon en la matière.

Dans son rapport, ces spécialistes en matière de déplacement craignent notamment que le TOP favorise l’étalement urbain en incitant les habitants à s’installer de plus en plus loin de la ville-centre. Le développement des transports en commun aurait, au contraire, comme effet qu’ils se regrouperaient autour des gares et autres axes forts de transport.

Comment déclasser les autoroutes ?

Autre point d’accord : tout le monde veut transformer les autoroutes A6/A7 en boulevard urbain à l’intérieur de Lyon. Si les écologistes et associations de riverains préconisent un déclassement immédiat, Gérard Collomb préfère attendre la construction - hypothétique - d’un grand contournement autoroutier.

Cet autre serpent de mer, dont le coût est évalué à au moins 1 milliard d’euros, est actuellement sur le bureau du ministre des transports. Et si l’État ne donne pas son feu vert ? « Nous allons bloquer le tunnel de Fourvière un jour de départ en vacances », menace le maire de Lyon.

Quel tracé ?

Tracé court, raccordé à Saint-Fons au boulevard Laurent Bonnevay (en rouge), tracé long plus au sud, qui rejoint l’A7 au niveau de l’échangeur de Feyzin (en bleu) ou tracé intermédiaire englobant Oullins et Pierre-Bénite (en gris) ? La question a été finalement peu abordée. Gérard Collomb a de toute façon fait son choix : ce sera le tracé court.

Quelle suite ?

A l’issue des réunions publiques, le Grand Lyon et le Conseil général du Rhône ont trois mois pour délibérer sur le projet. Une réunion mixte des deux collectivités est d’ores et déjà prévue le 13 juin. Les deux assemblées doivent aussi se mettre d’accord sur le financement du projet dont le coût est estimé à 2,5 milliards d’euros, soit une charge annuelle de 130 millions d’euros pendant 38 ans pour rembourser les emprunts. Initialement, chaque collectivité devait assumer la moitié du coût. Or, la prochaine création d’une Euro-métropole et le retrait du Département des affaires grand-lyonnaises changent la donne.

« Les débats ont permis de faire avancer nos réflexions », a assuré Gérard Collomb qui promet des « modifications importantes ». En réalité, il s’agit de retouches à la marge qui concernent notamment les échangeurs. Comme l’ouvrage sera en grande partie enterré, c’est aux sorties que se concentre la pollution. Pour ne pas enfumer l’Hôpital Lyon sud, l’échangeur prévu à cet endroit sera ainsi déplacé « un peu plus loin », tout comme ceux d’Oullins et de Francheville.

Le TOP est toutefois encore loin du but. Dans le meilleur des cas il ne sera inauguré qu’en 2025.

Publié le : mardi 28 mai 2013, par Michael Augustin