Les frichards craignent la fermeture

La friche RVI partiellement ravagée par les flammes

Le feu s’est déclaré ce lundi vers 3h du matin. Rapidement sous contrôle, il a néanmoins ravagé 2000 m² des 25 000 m² utilisés du site. Aucun blessé n’est à déplorer. Les frichards, qui craignent maintenant la fermeture totale du site, soupçonnent un incendie volontaire destiné à précipiter leur départ.

Une soixantaine de personnes se trouvaient sur les lieux au moment de l’incendie. Ils assistaient à une présentation de projets artistiques en cours de finalisation, quand le feu s’est déclaré à la Vaca loca, une partie du site abritant des salles de répétition et des ateliers, mais pas d’habitations. Ils ont d’abord tenté de circonscrire le feu à l’aide d’extincteurs. Prévenus par les vigiles qui surveillent le site depuis la rentrée, les pompiers sont arrivés sur les lieux à 3h15.

Vers 4h, le feu était éteint selon le lieutenant-colonel Xavier Eginard, l’un des responsables de l’opération. Les travaux de sécurisation ont cependant continué toute la matinée. 70 pompiers et 20 véhicules, dont 3 échelles étaient mobilisés. Le pire a ainsi pu être évité. « A une demi-heure près, tout partait en flammes », a estimé Xavier Eginard. Une partie de la structure métallique qui supporte le toit s’est néanmoins effondrée, en raison des températures qui ont dépassé les 1000 °C. Cela risque de fragiliser le reste de cette ancienne usine de camions. L’origine de l’incendie n’est pas encore connue. L’enquête menée par la Brigade des affaires générales de la Sûreté départementale s’oriente toutefois vers la piste accidentelle. La police technique et scientifique, qui s’est rendue sur place, devrait d’ici à quelques jours confirmer ou infirmer cette hypothèse.

Les dégâts matériels sont importants et plusieurs artistes ont tout perdu. C’est le cas de Laure Vial, qui a monté il y a quelques mois une société de décoration et qui occupait une partie de la galerie surplombant la Vaca loca. « Pour certains ce sont 15 ans de travail qui sont partis en fumée », commente Aurore, une autre fricharde. Évacués par les pompiers, une quarantaine attendaient sur le parking de savoir s’ils pouvaient ou non regagner les lieux. Ils étaient nombreux à réfuter la thèse de l’accident. Tous s’accordaient à dire que la partie incendiée n’était ni habitée ni même équipée en électricité.

« L’origine est étrange », note Buno qui a installé son entreprise de clownerie dans la partie épargnée par les flammes. « Nous faisons très attention », affirme l’artiste-peintre Cy Wilson. « Le soir quand les gens s’en vont tout est éteint. On s’éduque les uns les autres. » Dans leur esprit, le rapprochement est vite établi avec la procédure d’expulsion dont ils font l’objet.

La friche devait fermer le 31 juillet dernier, pour accueillir un projet immobilier porté par l’école SEPR. Un site alternatif mis à leur disposition par la ville ne peut toutefois accueillir qu’une cinquantaine des quelque 400 frichards. Dans ce contexte, le tribunal de grande instance a accordé le 8 novembre dernier un délai de 6 mois aux occupants du site. Le Grand Lyon ayant fait appel de cette décision, le nouveau jugement est attendu pour le 26 janvier prochain.

Le maire du 3e arrondissement, Thierry Philip et l’adjointe à la tranquillité, Martine Elbahar se sont rendus sur place tôt dans la matinée. Dans un communiqué ils ont rappelé « que la friche est un lieu de travail et en aucun cas un lieu d’habitation ». La mairie a demandé la nomination d’un expert pour s’assurer de l’état des bâtiments. « La friche RVI comporte plusieurs bâtiments indépendants les uns des autres, en conséquence ce sinistre ne peut justifier une fermeture totale du site », a estimé de son côte le collectif d’artistes.

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Publié le : lundi 20 décembre 2010, par Michael Augustin