Encerclés d’immeubles des années 60 à 90 sans grand intérêt architectural, les Gratte-Ciel ont aujourd’hui du mal à trouver leur place. « Ce n’est pas un centre-ville, c’est un quartier », analyse Jacques Perrichon, coiffeur installé avenue Barbusse et membre de l’association des commerçants du coin. Les équipements publics villeurbannais sont effectivement éparpillés entre le pôle socio-culturel de Flachet, le pôle éduco-sportif Pressensé et donc les Gratte-Ciel qui concentrent 18 000 m² de magasins. C’est peu comparé à la Part-Dieu et ses 110 000 m² de superficie, ou encore face au tout nouveau Carré de Soie et ses 40 000 m² de commerces et 70 000 m² de loisirs, à 3 stations de Métro du cœur de Villeurbanne.
Face à ce constat, la mairie ressort un projet, aussi vieux que le quartier lui-même, mais qui n’a jamais abouti : la prolongation des Gratte-Ciel au nord, au-delà de l’avenue Émile-Zola. Évoqué au temps de la construction du quartier, sa réalisation est devenu victime des difficultés financières de la ville. Ressorti des tiroirs dans les années 90, il y a été re-rangé pour les mêmes raisons. Pas moins de 5 études se sont succédées depuis. Elles ont permis de poser les bases d’une future ZAC (zone d’aménagement concerté) que la mairie est bien décidée de mener à bien.
« Le 25 octobre 2007, nous avons engagé la concertation avec la population », raconte Richard Llung, adjoint à l’urbanisme à la mairie. 3 conférences-débats ont permis de sonder les attentes des habitants. Les grandes lignes en ont désormais été validées par le comité de projet : la prolongation de l’avenue Henri-Barbusse et de la rue Racine, jusqu’à la rue Francis de Pressensé, la création d’une place transversale entre ces deux axes, à mi-hauteur, ainsi que la création de 25 000 m² de surfaces commerciales nouvelles, pour un total légèrement supérieure au Carré de Soie. La création de 400 à 1000 logements fait également partie du projet. « Nous souhaitons aboutir à plusieurs points d’attraction forts, [dans l’agglomération, ndlr] : Presqu’île, Part-Dieu, mais aussi demain Gratte-Ciel, Carré de Soie, Confluence… », déclara Gérard Claisse, vice-président du Grand Lyon à la participation citoyenne. Une sorte de décentralisation, en somme.
Si le déplacement de 50 m à l’ouest du lycée Brossolette est déjà acté, quelques points restent encore en suspens. Tout d’abord le sort réservé au Monoprix et à Carrefour. « Rien n’est tranché », assure Richard Llung, qui prévoit de rencontrer les deux directeurs courant septembre. Si Carrefour a d’ores et déjà fait état de son souhait de rajouter 1500 m² à ses 3000 m² actuels, l’enseigne n’a pas encore décidé si elle souhaite intégrer la nouvelle ZAC. Monoprix, quant à lui, se trouve déjà sur l’emprise de projet, et occupe avec son parking presque la moitié de la face est du nouveau tronçon de l’avenue Barbusse. Autre locataire encombrant : l’Hôtel Ariane et le restaurant Quick adjacent. Là aussi, les pourparlers sont en cours. Puis, la question, si ce nouveau centre-ville sera totalement piéton ou si une place réduite restera dédiée à la voiture.
D’ici un mois et demi, l’architecte Christian Devillers devra présenter aux Villeurbannais une première maquette de ce qui est appelé à devenir l’un des principaux pôles commerçants du Grand Lyon. Sauf imprévu, le premier coup de pelle devra être donné fin 2013 et le projet achevé entre 2016 et 2017.