« C’est un grand moment de colère », commente Maurice, professeur d’une classe d’intégration au groupe scolaire Youri Gagarine à Vaulx-en-Velin. « J’avais 9 enfants du squat de Surville qui venaient régulièrement à l’école, environ 3 jours sur 4 », raconte cet enseignant engagé. « Ils faisaient 1 heure de bus matin et soir pour venir. Leurs familles avaient réussi à construire quelque chose qui ressemblait à des maisons avec un peu de confort ». Logés quelques nuits à l’hôtel après l’expulsion, ils se retrouvent maintenant « éparpillés dans d’autres squats », au dire des associations, pour qui « la trêve hivernale doit s’appliquer à tous ». « C’est purement inadmissible ce qu’on leur fait subir », s’insurge Maurice.
« Nous sommes tous des êtres humains avec une égale dignité. Il est du devoir des pouvoirs publics de trouver des solutions acceptables », renchérissait l’évêque auxiliaire Thierry Brac de la Perrière, venu dire le soutien du cardinal Barbarin. « Je suis chrétienne et je suis contente que vous soyez là », le félicitait une manifestante après son bref discours.
Réunion
Au même moment, le préfet recevait des associations qui interviennent dans le domaine de l’hébergement d’urgence pour faire un point sur la plan Grand froid.
« La capacité d’hébergement d’urgence a progressé de plus de 23 % entre 2006 et 2009 », se félicite la préfecture dans un communiqué à l’issue de la réunion. Elle recense 1133 places, dont 199 de logement d’urgence. Et d’ajouter que « 86 places supplémentaires ont été mobilisées depuis le 4 novembre. [...] Des nuitées d’hôtels ont été réservées, permettant d’accueillir à ce jour plus de 150 personnes supplémentaires. » Le préfet estime que « l’État consacre à la veille sociale et à l’hébergement dans le Rhône [plus de] 32 millions d’euros. »
« Insuffisant », lui répondent les associations. Julie, travailleuse social explique : « tous les jours, 150 sans-abris qui contactent le Samu social, ne peuvent pas être accueillis. Et c’est sans compter ceux qui n’appellent plus ». Selon elle le nombre de SDF dans le Rhône se situe entre 1000 et 5000. Et de nombreux locaux existants ne peuvent être utilisés, faute de personnel. « Nous demandons simplement l’application de la loi », ajoute Baptiste, un collègue. « Toute personne doit pouvoir bénéficier d’un logement, alors que dans les centres d’accueil, on met les gens dehors au bout de 3 jours. Comme il n’y a pas assez de place pour tout le monde, on fait tourner. »