Relâché la veille au soir du centre de rétention administrative de Bobigny en région parisienne, il devait arriver à midi à la gare Part-Dieu. Le train a eu 40 minutes de retard. « On est devenu tellement parano qu’on se disait qu’il y a encore un problème », confie Elodie Covo, une parent d’élève, venue le chercher avec d’autres amis. Mais Guilherme était bel et bien dans le train. Dans la gare, les messages de soutien des autres voyageurs affluent.
Rentré chez lui se reposer un peu, il est à l’heure à la sortie de l’école. Accueilli par les applaudissements de plusieurs dizaines de parents rassemblés devant l’établissement, fatigué mais serein, ce sans-papier toujours menacé d’expulsion, a remercié ses soutiens qui se sont mobilisés sans relâche pour obtenir sa libération... mais aussi la préfecture et l’État français.
Toutefois, si Guilherme est libre, il n’a toujours pas de papiers. Relâché en raison de « l’impossibilité matérielle de faire procéder à la reconduite à la frontière », selon un communiqué de la préfecture, il reste sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). « J’ose espérer qu’ils nous foutent la paix », s’écrie Denise Bergeron du Réseau Éducation Sans Frontières (RESF). « Nous allons redemander une carte de séjour "vie privée et familiale" pour Guilherme. » Cette carte est réservée aux étrangers qui justifient d’attaches personnelles et familiales en France. Une première demande avait été refusée par la préfecture, une décision confirmée par le tribunal administratif. Le jugement en appel ne sera pas rendu avant octobre ou novembre.
RESF compte présenter de nouvelles pièces, notamment le certificat de décès de la première femme de Guilherme, tuée par balles en Angola. Puis, « il y a des choses à faire connaître sur la manière dont il a été traité. Il a pris des coups sérieux. Nous ne laisserons pas passer cela », avertit la militante. Elle espère que « la mobilisation ne baissera pas. C’est la meilleure protection. »