« En France, certaines familles dorment dans leur voiture, d’autres dans des campements de fortune quand ce n’est pas dans des centres d’hébergement saturés. 100 000 SDF hantent nos rues quand, de l’autre côté du digicode ou de la grille, 410 000 logements sont inoccupés ! » C’est ce cri d’alerte poussé par Bernard Devert le jour du réveillon de Noël qui était à l’origine de l’opération Un toit pour 1000 familles.
En réalité, la France compte entre 1,8 et 2,5 millions de logements vacants, selon les estimations des associations, dont 410 000 susceptibles de revenir immédiatement sur le marché. Les autres sont soit en travaux, soit inoccupés de façon seulement passagère, s’ils ne font pas l’objet d’un litige familial. On estime le taux de vacance entre 6,1 et 8,1%. Lyon fait alors figure de bon élève, à en croire son maire qui annonce seulement 3330 logements inoccupés dans la capitale des Gones, soit 1% du parc. En 2006, ce chiffre était encore de 4875 appartements. Depuis, une taxe sur les logements vacants a réveillé certaines consciences, et la ville, avec l’aide de l’État, a investi dans la rénovation d’appartements anciens. 1620 logements ont ainsi été remis sur le marché entre 2006 et 2009.
Les logements vides à Lyon se concentrent dans les 3ème et 7ème arrondissements, notamment dans le quartier de la Guillotière, où l’insalubrité guette, explique Gérard Collomb. Pour lui, l’idée du père Devert de mobiliser les propriétaires privés correspond au tempérament lyonnais. Au lieu d’attendre une nouvelle loi, et ses décrets, le maire de Lyon trouve « pas mal [...] d’essayer de mobiliser la société civile. »
Gilles Gouedard-Comte, le propriétaire qui met 3 appartements (2 de 40 m² et 1 de 75 m²) à la disposition de Habitat et humanisme, est lui aussi « très heureux d’avoir fait cet acte de partage ». Jeune grand père (son premier petit-enfant est né le 11 décembre dernier), il dit ne pas avoir hésité quand il a entendu l’appel de Bernard Devert. En acceptant un loyer social de 5 euros/m², il renonce à la moitié de son revenu locatif potentiel, un loyer de marché se situant entre 10 et 12 euros. En échange, outre la BA, l’association lui garantit le versement du loyer et le fait de récupérer son bien en bon état à l’issue du contrat. « Il faut que le propriétaire soit sécurisé », reconnaît la cardinal Philippe Barbarin. « Nous on s’engage, vous pouvez être tranquille », lance-t-il à l’attention des propriétaires.
Habitat et humanisme
L’association créée il y a 25 ans par le père Bernard Devert, couvre aujourd’hui 62 départements et gère 3000 appartements privés en plus des 1800 qu’elle possède en propre. Elle compte 180 salariés et plus de 2000 bénévoles et a relogé plus de 10 000 familles depuis 1985.
Contact : Habitat et humanisme, 69 chemin de Vassieux, 69647 Caluire et Cuire cédex, tél. : 04 72 27 42 58, www.habitat-humanisme.org