Le 15 octobre 1983, une dizaine de « loubards », comme la presse de l’époque les surnommait, des Minguettes, encadrés par quelques ecclésiastiques lyonnais, avaient entamé une longue Marche pour l’égalité et contre le racisme. Dans un contexte de chômage, de délinquance et de meurtres racistes, leur départ de Marseille est passé quasi-inaperçu, alors que leur arrivée à Paris, le 3 décembre a été accueillie par 100 000 personnes entre la Bastille et Montparnasse. Dans la soirée, François Mitterrand a reçu une délégation de marcheurs.
Ce lundi 14 octobre 2013, François Lamy devait donc dévoiler une plaque commémorative dans le quartier de Monmousseau aux Minguettes dont étaient originaires les marcheurs. Mais Toumi Djaïdja, figure symbole de cette Marche n’est pas venu. Sous le titre « Récupération ou reconnaissance de la Marche pour l’égalité ? », il écrit dans un communiqué : « Je ne peux cautionner l’inaction politique en signant un chèque en blanc au gouvernement. »
Déplorant que « malgré des avancées certaines, l’inégalité frappe toujours voire plus encore », il pointe que « beaucoup d’entre nous vivent dans des conditions inadmissibles, laissés non pas sur le bas-côté de la route mais dans le fossé des inégalités : le mal-logement, l’exclusion, la paupérisation, la marginalisation » et réclame « des décisions politiques courageuses et concrètes pour que l’histoire de nos quartiers populaires s’inscrivent enfin dans l’histoire de notre pays ».
L’inauguration et la balade dans le quartier ont ainsi dû être annulées, et François Lamy a filé directement au cinéma Gérard-Philipe pour une rencontre avec des associations et deux marcheurs, prévenus la veille par des amis. « Les habitants de Vénissieux n’ont pas besoin de médailles et de plaques », a relativisé Farid L’Haoua, l’un des participants à la Marche. « Ils veulent qu’on arrête de les stigmatiser. »
Puis, Michèle Picard, la maire de Vénissieux, a tenu à prendre la défense de son prédécesseur Marcel Houël, premier magistrat de 1962 à 1985 et bâtisseur des Minguettes. « Le problème des grands ensembles ne sont pas ceux qui les ont construits mais ceux qui les ont abandonnés », a-t-elle estimé à l’adresse du ministre de la Ville. « Les habitants n’y habitaient pas, ils y étaient assigné à résidence », a poursuivi l’élu, pointant « les manquements de l’État ».
Des manquements visiblement réparés, à l’en croire François Lamy. « J’ai visité 150 quartiers depuis que je suis ministre et l’agglomération lyonnaise est celle qui évolue le mieux », a-t-il déclaré