Après avoir jeté son dévolu sur Paris, puis renoncé au profit de Rama Yade, le président de l’UDI est donc dans les starting-blocks pour une candidature à Lyon. « Il y pense sérieusement », affirme Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly et numéro deux du parti, joint par téléphone.
A Lyon, les militants que nous avons pu contacter sont plus affirmatif. « Je l’ai eu en ligne hier (dimanche, ndlr) soir et il m’a dit : ’c’est bon, on y va’ », indique ainsi Fabienne Levy, secrétaire nationale du Parti radical, dont Borloo est le président.
L’élue du 1er arrondissement connaît son bonhomme. C’est elle qui a organisé le 21 février dernier la convention nationale sur le thème des Solidarités actives à l’Espace Hillel, où elle a fait salle comble. 260 personnes ont alors planché sous la direction de Jean-Louis Borloo et Jean-Christophe Fromantin sur des thèmes comme l’emploi, l’insertion et la santé (photo).
Le président de l’UDI aurait été sensible à l’accueil que les Lyonnais lui ont réservé. « C’est normal », juge cette cheville ouvrière du parti, « Lyon est une terre centriste ». Un argument qui aurait fait mouche auprès de l’ancien ministre du développement durable.
Une opposition en miettes
D’autant que l’opposition a du mal à exister entre Rhône et Saône. Contrairement à Paris, où plusieurs ex-ministres sont sur les rangs pour porter le fer contre Anne Hidalgo, la situation lyonnaise relève plus du désert de Gobi que du samedi de soldes.
Selon un sondage commandé par l’UMP elle-même, l’opposition dispose à Lyon surtout... d’illustres inconnus. Nora Berra, Georges Fenech et Emmanuel Hamelin ne sont connus que de 49% à 52% des personnes interrogées. Le chef de file au Conseil municipal, Michel Havard bat, lui, tous les records de l’ignorance locale avec 69% des sondés qui n’ont jamais entendu parler de lui.
A l’UMP du Rhône, on feint l’indifférence. La candidature de Borloo « est une affaire interne à l’UDI », minimise le secrétaire départemental Michel Forissier. « Je n’ai pas à la commenter. » Avant de glisser : « Nous avons eu un candidat-ancien ministre en 2008... » L’ex-ministre en question, Dominique Perben s’étant vautré dès le premier tour.
Un présage ? Pas pour Christophe Geourjon. « Borloo est un type sympa, pas un Parisien qui arrive avec ses gros sabots », estime le président du groupe UDI au Conseil municipal. Sans surprise, la candidature de l’ancien maire de Valenciennes est une « bonne nouvelle » pour Geourjon qui espère être utile au candidat en lui fournissant les bases de son futur programme. Avec son association Dessinons Lyon, l’élu lyonnais s’emploie depuis 2008 à bâtir des propositions concrètes et dispose aujourd’hui du document le plus avancé de toutes les formations politiques.
Broliquier out
Autre victime de l’arrivée de Jean-Louis Borloo : Denis Broliquier. A la tête du groupe Lyon Divers Droite, celui-ci comptait imposer à l’UDI locale une liste autonome menée par lui-même. Dans son entourage, on s’efforce de faire contre mauvaise fortune bon cœur. « L’important est que l’UDI présente une liste autonome à Lyon », louvoie ainsi Thierry Mouillac, l’un des principaux porte-flingues du maire du 2ème. « Pour le meilleur candidat, on verra en temps voulu. » Or, le temps pourrait bien être compté pour l’élu d’Ainay. Aux dernières législatives il n’était arrivé qu’en cinquième position, derrière les Verts et le Front de gauche.
Reste une question : le candidat Borloo, réussira-t-il à ravir la mairie à Gérard Collomb, pourtant crédité de 62% au second tour dans le sondage de l’UMP ? « Oui », veut croire Michel Mercier. « Lyon c’est la ville d’Édouard Herriot et de Raymond Barre ». L’homme fort du parti dans le Rhône avait pourtant récemment estimé la base électorale centriste entre 15 et 20% à Lyon. « Ça s’était avant Borloo », note, maligne, l’ancien président du Conseil général qui vise « quelques points supplémentaires ».